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Après une longue traque, Ben Laden tué par un commando américain au Pakistan : Au Maroc, la classe politique en appelle à une extrême vigilance


Narjis Rerhaye
Mardi 3 Mai 2011

Après une longue traque, Ben Laden tué par un commando américain au Pakistan : Au Maroc, la classe politique en appelle à une extrême vigilance
Il est 23h30 à Washington lorsque Barack Obama annonce la mort d’Oussama Ben Laden, le chef d’Al Qaïda, l’ennemi public  numéro un des Américains et l’homme le plus recherché au monde depuis les attentats du 11 septembre 2001.  "Ce soir, je suis en mesure d'annoncer aux Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une opération qui a tué Oussama Ben Laden, le dirigeant d'Al Qaïda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents. Justice est faite", a annoncé l’air grave, le président américain.  Ben Laden a été tué lors d'une opération commando de l'armée américaine au Pakistan à quelques dizaines de kilomètres au nord de la capitale Islamabad. L’opération a duré 40 minutes.
Si aux Etats-Unis l’explosion de joie est immédiate, les réactions sont unanimes, partout ailleurs dans le monde. « Un pas décisif dans la lutte contre le terrorisme », « un grand succès », «triomphe  de la justice et de la liberté », « victoire de toutes les démocraties », la communauté internationale est prompte à pousser un « ouf » de soulagement teinté d’une nécessaire vigilance.
Ce lundi 2 mai, le Maroc s’est réveillé avec l’annonce de la mort de Ben Laden. 5 jours après l’attentat qui a frappé Marrakech en son cœur et coûté la vie à 15 personnes, l’ombre d’Al Qaïda et de sa branche terroriste du Maghreb islamique n’en finit pas de planer sur un pays encore meurtri. D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, les commentaires sont sans équivoque. La disparition de Ben Laden est symbolique de la fin d’une époque et le Maroc doit rester sur le qui-vive, le risque de représailles pour « venger la mort du chef historique ». « Il est sûr que c’est un symbole qui tombe pour la nébuleuse intégriste terroriste. La mort d’Oussama  Ben Laden est probablement la fin d’une époque. Mais il ne faut pas oublier que Ben Laden a laissé des disciples qui sont aussi autour de lui qu’éparpillés dans le monde. Notre pays qui a été touché à différentes reprises par cette nébuleuse n’est pas à l’abri de représailles. Al Qaïda peut se manifester pour montrer à la face du monde que l’organisation terroriste n’est pas morte », commente Nabil Benabdallah, le secrétaire général du PPS.
Arrêt sur image sur les conditions de mort de l’homme le plus recherché au monde. Selon Washington, c’est en août 2010 que les Américains ont su qu’Oussama Ben Laden  se cachait au Pakistan. Le chef d’Al Qaïda se trouvait à Abbottabad, une ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Islamabad.
La mort de Ben Laden signifie-t-elle la fin de la violence?
Vendredi 28 avril, l’ordre d’attaquer a été donné par Barack Obama. L’opération a été engagée dimanche soir vers 21 heures, heure marocaine. 2 hélicoptères américains ont commencé à tourner autour du bâtiment fortifié qui abritait Ben Laden. Une fusillade a éclaté ; Ben Laden a résisté ; il a été atteint à la tête lors de l’échange de tirs qui l’a opposé au commando. 3 ou 4 autres personnes auraient été tuées, dont l’un des fils de Ben Laden.
« Mais la mort de Ben Laden signifie-t-elle la fin de la violence, de la haine, du terrorisme ? La culture de la violence qu’il a inculquée à ses troupes est-elle morte avec lui ? », s’interroge M. Ansari, le chef du groupe parlementaire istiqlalien à la Chambre des conseillers. « Le nom de Ben Laden est lié à des actes terribles qui ont fait des milliers et des milliers de morts. le chef d’Al Qaïda a bouleversé les acquis et les principes de démocratie dans le monde. On a assisté à des reculs en matière de droits humains ou encore au rétrécissement des libertés avec l’adoption de lois anti-terrorisme » poursuit celui qui est avocat dans le civil.
C’est le même son de cloche dans les rangs du Rassemblement national des indépendants où Rachid Talbi Alami, le chef du groupe parlementaire à la Chambre des députés, qui émet des doutes quant à l’éradication complète et définitive du terrorisme d’Al Qaïda avec la disparition de son chef. « Mais il est aujourd’hui légitime de se poser la question de savoir si nous allons assister au début du déclin de la culture de la violence que prône cette organisation » soutient-il.
L’impact psychologique
d’une mort
Ouassama Ben Laden est mort. L’image de son visage  portant les impacts de balles n’en finit pas de passer en boucle, sur toutes les télévisions. « Ben Laden est mort. Mais Al Qaïda continue. Cette mort du leader historique va avoir un impact psychologique sur les actions d’Al Qaïda et celles des organisations qui y seraient affiliées. Il y a aujourd’hui un risque d’actes terroristes spectaculaires d’Al Qaïda qui pourrait faire appel à ses cellules dormantes. La vigilance doit être de mise. D’autant que Ben Laden a laissé derrière lui une organisation qui va profiter de sa mort et en faire un symbole, un grand martyr, un immense révolutionnaire », explique M. Benhamou, le président du Centre marocain d’études stratégiques. Pour celui qui est également membre du bureau national du Parti Authenticité et Modernité, « le phénomène Al Qaïda et le terrorisme lié à l’islamisme entrent dans un cycle nouveau ». « Un cycle qui va se caractériser par  une vague d’attentats avant d’aller doucement vers l’isolement. Nous sommes entrés dans cette troisième phase de ce cycle », affirme-t-il.
A l’évidence, la classe politique marocaine ne cache pas ses craintes. Au cœur d’un processus de réformes constitutionnelles et démocratiques, le Maroc est une cible de choix pour Al Qaïda et les organisations parallèles qui s’en proclament.  Le leader du PJD, Abdelilah Benkirane, veut pourtant rester optimiste. « Avec ce qui vient de se passer, Al Qaïda a reçu un grand coup. Ben Laden symbolisait cette organisation. Avant l’attentat de Marrakech, on a bien vu qu’elle s’essoufflait. Avec le Printemps arabe, on n’entendait presque plus parler d’Al Qaïda », conclut le patron des islamistes du Parlement.


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