Après le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers : La majorité risque de se diviser dans la course à la présidence

Les résultats définitifs du renouvellement du dernier tiers de la Chambre des conseillers, où il s’agissait de pourvoir 90 sièges, a confirmé les bruissements du microcosme médiatico-politique. Il n’y aura pas de surprise particulière dans un classement presque attendu. D’abord un Parti authenticité et modernité (PAM), en pole position  avec ses 22 sièges. Suivi de l’Istiqlal. Deuxième sur le tableau final de ces élections dont les résultats ont été proclamés samedi 3 octobre par le ministère de l’Intérieur, l'Istiqlal fort de ses 17 sièges se félicite déjà du score obtenu autant que le Mouvement populaire. Ce nouveau rallié à la majorité gouvernementale a obtenu 11 sièges alors que l'Union socialiste des forces populaires 10 sièges et le Rassemblement national des indépendants 9 confirmant ainsi un recul né d’une crise des RNIstes. « A l’USFP, nous avions 5 conseillers sortants. A la faveur des élections de vendredi, nous en avons gagné 10 », commente un Usfpéiste de la première heure.
Au chapitre des collèges des conseils des collectivités locales et des Chambres professionnelles qui élisent 81 conseillers sur un total de 90, le Parti de l'environnement et du développement durable (4 sièges) l'Union constitutionnelle (3 sièges), le Parti du Progrès et du socialisme (2 sièges) et le Parti Marocain libéral, Front des forces démocratiques et Forces citoyennes –un siège pour chacune de ces 3 formations- ferment la marche. Sur les bancs de l’opposition, la mauvaise humeur est de rigueur. Le secrétaire général de l’Union Constitutionnelle ne décolère pas. « Les résultats de ces élections ne reflètent pas la véritable carte politique du Maroc. A l'exception des élections législatives et communales, les autres scrutins ne peuvent donner lieu à une lecture politique claire dans la mesure où leurs résultats sont le fruit d'alliances qui suscitent parfois la stupéfaction », a déclaré M. Abied à l’Agence Maghreb Arabe Presse.
Fin donc d’un long feuilleton électoral et pour ce membre dirigeant de l’USFP, cette élection du tiers de la Chambre des conseillers a revêtu la dimension d’un enjeu national. « D’abord à cause des moyens mobilisés par certaines formations politiques. L’utilisation des moyens illégaux et l’achat des voix font malheureusement partie des mœurs politiques, chez nous», explique notre interlocuteur avant de mettre en avant « les perspectives des réformes envisagées » et surtout la course vers la présidence de la Chambre des conseillers. « La majorité gouvernementale serait bien inspirée d’y aller en rangs unis, au moins au deuxième tour. L’élection du président de la chambre haute devrait être un acte concerté de la majorité pour éviter une nouvelle particularité du modèle politique marocain qui donnerait à voir un parti de l’opposition occuper ce fauteuil», soutient notre source au sein du Bureau politique du parti de la Rose. Gros plan sur le PAM et ses appétits et dont le secrétaire général vient justement de faire son entrée chez les Conseillers…
La crise du mouvement syndical
Du côté du collège des représentants des salariés, le taux de participation des salariés –aux alentours de 40%-témoigne de la crise du mouvement syndical. La non participation de la CDT à ce scrutin a également contribué au classement égal des quatre principales centrales : 2 sièges obtenus par la Fédération démocratique du travail (FDT),  l'Union marocaine du travail (UMT), l'Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM) alors qu’un siège a été remporté par   l'Union générale démocratique des travailleurs (UGDT). « Le désengagement de la classe ouvrière vis-à-vis de ces élections est tout à fait regrettable », a déclaré à la MAP Abdelhamid Fatihi, membre du bureau central de la FDT avant d’exprimer sa satisfaction face aux résultats obtenus par cette centrale syndicale, « des résultats qui cadrent avec la représentativité des délégués et des commissions paritaires».
Si trois femmes seulement ont été élues lors du scrutin pour le renouvellement du tiers et parmi elles l’Usfpéiste Latefa Ziouali, au titre du collège des Chambres professionnelles à Doukkala-Abda, plusieurs figures politiques l’ont également été lors de ce scrutin. Il s’agit notamment du secrétaire général du PAM et ancien ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah (collège des collectivités locales à Guelmim-Smara) ou encore de l'ex-président de la région de Rabat-Salé-Zemour-Zaer, l’Istiqlalien Abdelkebir Berkia.
Avec l’élection du 2 octobre et en attendant la rentrée parlementaire qui aura lieu vendredi prochain, conformément à la Constitution, c’est un long processus électoral qui vient de s’achever.
« Un feuilleton électoral qui soulève la question du calendrier électoral pour les prochaines élections qui mérite une révision adaptée à une construction démocratique plus rationnelle et plus saine », conclut ce ténor de l’USFP.