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L’effondrement des chrétiens-démocrates du CDA, qui sont passés de 41 sièges à 21, est le premier enseignement de ces élections. C’est le plus bas score jamais réalisé par ce parti. Son leader, Jan Peter Balkenende, qui gouvernait depuis huit ans, a aussitôt annoncé son retrait.
Le deuxième enseignement de ces élections est la poussée du PVV, le parti du populiste Geert Wilders. Il avait obtenu 9 sièges en 2006, et vient d’en récolter 24, à la plus grande surprise des instituts de sondage, qui pourtant connaissaient les bons résultats de l’extrême droite aux dernières élections européennes et municipales. Le PVV, sur une thématique anti-immigration et anti-islam, a battu d’une courte tête le CDA, et devient la troisième formation des Pays-Bas, derrière les libéraux du VVD (31 sièges) et les sociaux-démocrates du PVDA (30 sièges).
La chute des chrétiens-démocrates et la montée en puissance de l’extrême droite contrarient la victoire des libéraux, qui jamais n’étaient arrivés en tête dans un scrutin législatif depuis la Première Guerre mondiale, unique période où ils dirigèrent le pays. D’être d’aussi près talonnés par les sociaux-démocrates, dont l’influence est très légèrement en baisse, est un autre souci pour les libéraux et leur chef de file, Mark Rutte. C’est lui que la reine devrait bientôt charger de conduire les négociations avec d’éventuels partenaires. Rutte, qui se faisait fort de constituer un gouvernement avant juillet, aura sans doute besoin de plus de temps. Si tant est qu’il parvienne un jour à ses fins.
Selon l’arithmétique électorale la plus simple, et la règle qui fixe la majorité à 76 des 150 députés dans la deuxième Chambre, il existe deux coalitions gouvernementales possibles. La première, entre la droite et l’extrême droite, unirait les libéraux, les démocrates-chrétiens et les populistes de Wilders. En 2002, Jan Peter Balkenende avait composé pareil attelage avec les partisans de Pim Fortuyn. Leur leader assassiné, ceux-ci avaient disparu de la scène politique. Momentanément. L’extrême droite est un courant installé aux Pays-Bas, comme dans tant d’autres nations européennes. La seule différence, c’est que l’extrême droite néerlandaise est philosémite, gay frendly et pro avortement. Rutte n’a jamais écarté l’hypothèse d’un gouvernement avec Wilders, lequel a fait dès jeudi des offres de service. Mais on peut douter de la sincérité des deux hommes. Rutte, qui veut couper dans les effectifs de la fonction publique et les budgets sociaux, aura du mal à s’entendre avec Wilders, qui a défendu l’État providence pour mieux siphonner les voix populaires, principalement à la gauche de la gauche. Il suffira au leader populiste d’avancer une exigence folle -comme sa proposition d’un impôt sur les foulards islamiques- pour demeurer en marge du gouvernement. Quel serait, enfin, l’intérêt pour les démocrates-chrétiens d’entrer dans une alliance dont ils seraient l’élément le plus faible?
L’autre solution serait une nouvelle «coalition violette». A l’exception sans doute des démocrates-chrétiens, tout l’establishment dans le même bateau gouvernemental, comme en 1994-2002, ce qui avait permis à l’extrême droite de prendre son envol. Cela n’enchante ni les libéraux de Rutte, ni les sociaux-démocrates de Job Cohen qui se sont durement affrontés pendant la campagne. Le PVDA demeure notamment attaché au maintien de l’aide au développement et à un certain niveau de budgets sociaux. Mais, gauche et droite confondues, les protestants néerlandais sont hommes de devoir.