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Analyse : La colère sunnite alimente les violences en Irak


AFP
Lundi 27 Mai 2013

Analyse : La colère sunnite alimente les violences en Irak
Le conflit auquel se livrent la minorité sunnite irakienne, outrée par la stigmatisation dont elle s'estime victime, et les autorités chiites contribue à l'aggravation des violences, mais ne suffira pas à embraser l'Irak, estiment des experts.
Attentats à la bombe contre des mosquées chiites et sunnites, des marchés bondés ou des pèlerins chiites, assassinats ciblés: ces dernières semaines les attaques se sont multipliées, faisant craindre un retour au conflit religieux de 2006-2007.
Depuis le 1er mai, plus de 430 personnes ont péri dans des violences, selon un décompte effectué par l'AFP sur la base de données transmises par des sources médicales et sécuritaires.
Pour Crispin Hawes, directeur du service Moyen-Orient au sein d'Eurasia Group, la faute incombe en grande partie au Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, qui n'a cessé de pousser les sunnites aux confins de l'isolation politique et sociale.
En proie à un sentiment d'abandon, voire de marginalisation, la minorité sunnite s'est "radicalisée", note M. Hawes.
"En gros, depuis que le dernier soldat américain a quitté le pays (fin 2011), Maliki s'en est pris à un politicien sunnite après l'autre", explique-t-il à l'AFP.
Il y a d'abord eu l'appel, infructueux, au départ du vice-Premier ministre Saleh al-Moutlak, un ténor sunnite, lancé le jour du départ des Américains. Puis le mandat d'arrêt délivré contre le vice-président Tarek al-Hachémi, lui aussi très influent auprès des sunnites.
M. Hachémi, qui a quitté l'Irak, a depuis été reconnu coupable à Bagdad d'avoir commandité des attentats et condamné à mort.
Mais le chef du gouvernement a également limogé des "officiers sunnites et s'est lancé dans une campagne de militarisation des provinces majoritairement sunnites de l'ouest et du nord-ouest de l'Irak", relève M. Hawes.
"La pression n'a cessé de s'accroître sur cette communauté. Son rôle dans la vie politique s'est progressivement restreint", note-t-il.
Au quotidien, les sunnites estiment que cette stigmatisation s'exprime en particulier dans l'utilisation systématique de l'arsenal législatif anti-terroriste à leur encontre. A bout, ils ont lancé fin décembre un vaste mouvement de protestation anti-gouvernemental qui se poursuit aujourd'hui, en particulier dans les hauts lieux du sunnisme que sont les provinces d'Al-Anbar (ouest) et de Ninive (nord-ouest).
Le gouvernement a certes lâché du lest en libérant des prisonniers et en augmentant le salaire des milices sunnites anti-Al-Qaïda, mais sur le fond, les causes sociales de la frustration sunnite n'ont pas été éradiquées.
La marginalisation des sunnites est "exacerbée par une frustration liée au manque d'emplois et à des conditions de vie qui ne s'améliorent pas", insiste John Drake, spécialiste de l'Irak au sein du cabinet de consultants en risques AKE Group.
Du coup, les groupes armés sunnites puisent un motif supplémentaire pour intensifier leurs attaques: "En s'en prenant au gouvernement et aux forces de sécurité, ils pourraient bien gagner la sympathie des sunnites", estime M. Drake.
Les insurgés sunnites, dont fait partie la branche irakienne d'Al-Qaïda, sont derrière nombre d'attaques. De leur côté, les groupes armés chiites ont fait la paix avec le gouvernement, mais certains seraient toujours actifs, bien que de façon plus discrète.
Pour Crispin Hawes, le risque d'un conflit, voire d'une implosion de l'Irak, est tout à fait plausible, mais il est, selon lui, tout de même plus probable que les violences débouchent sur "une version plus musclée de ce que connaît l'Irak à l'heure actuelle".
"Les violences vont rester concentrées au niveau local", assure pour sa part Maria Fantappie, spécialiste de l'Irak au sein de l'International Crisis Group.
"Les factions armées issues des mouvements de protestation sont très nombreuses et n'entretiennent que peu de contacts d'une province à l'autre", explique-t-elle.


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