Sortie de l'ombre depuis quelques années, mise en lumière par l'approche des Jeux de Paris, Alice Milliat (1884-1957) a consacré au début du XXe siècle vingt ans de sa vie au développement du sport féminin, fondant les premiers Jeux olympiques féminins.
Par la suite elle deviendra tour à tour présidente du club de Femina Sport, un des premiers clubs féminins de France qui participera notamment aux premiers championnats de France d'athlétisme en 1917, avant d'être la cofondatrice puis la présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) en 1919.
De cette fédération naîtront plusieurs championnats, notamment en basket et en football.
Mais la Nantaise voit bien plus grand dans son combat: elle veut que l'athlétisme féminin soit présent aux Jeux olympiques de 1920, organisés à Anvers (Belgique). Les refus du Comité international olympique et de Pierre de Coubertin n'entament pas sa détermination.
Le nombre de spectateurs présents ce jour-là reste très incertain, avec des estimations très différentes selon les journaux: "Les anti-sport féminin vont dire qu'il y avait 2.000 personnes, d'autres 40.000", explique Sophie Danger à l'AFP.
Les critiques envers l'organisation et la vision de femmes participant à des courses allant jusqu'aux 1.000 mètres vont aussi noircir certaines pages des journaux. Le Miroir des sports parle de "'retard on ne peut plus considérable'", alors qu'un journaliste de l'Excelsior "désapprouve vigoureusement le spectacle donné par des concurrentes à bout de force", note encore l'autrice. Ces critiques n'empêcheront pas la tenue de trois autres éditions, appelées "Jeux mondiaux féminins", Alice Milliat ayant dû renoncer à l'appellation "olympique".
Six ans après la tenue des premiers Jeux féminins, la discipline reine des JO, l'athlétisme, accueille des femmes aux Jeux d'Amsterdam en 1928. Ces dernières peuvent concourir dans cinq disciplines, dont le 100 m et le 800 m, loin du programme complet des hommes.
Présente à Amsterdam, Alice Milliat est membre du jury en athlétisme, une première. Mais "pour elle, participer aux Jeux signifiait une participation pleine et entière", pense Sophie Danger. De plus, des critiques pleuvent encore au lendemain du 800 m, jugé trop difficile pour des femmes qui arrivent soi-disant exténuées en bout de piste. L'épreuve disparaîtra d'ailleurs du programme jusqu'en 1960 même si les épreuves se multiplient au fil des ans.
Alice Milliat, rattrapée par des soucis de santé, quitte la scène sportive en 1935, alors que la FSFI disparaît également. Sans enfant, veuve jeune, elle meurt en 1957 à l'âge de 73 ans. Elle est inhumée à Nantes, sans que son nom soit inscrit sur la pierre tombale.
Mais après plusieurs années d'oubli, son nom ressort. Des biographies, des expositions sont organisées, des stades et des gymnases sont baptisés à son nom. En 2016, la Fondation Alice Milliat, qui oeuvre à la promotion du sport féminin, voit le jour, dans le prolongement du combat de la pionnière, une "emmerdeuse formidable", ainsi que la qualifie Sophie Danger.
"Vous lui barrez la porte, elle passe par la fenêtre." En 2024, la fenêtre est désormais ouverte, avec la tenue à Paris des premiers JO 100% paritaires.
Portée à la tête de la Fédération sportive féminine internationale, Milliat décide de lancer des Jeux olympiques 100% féminins, dont la première édition a lieu en août 1922 à ParisSi Alice Milliat est aujourd'hui considérée à juste titre comme "une pionnière", cette Nantaise de naissance n'a pas été d'emblée férue de sport. Le tournant s'est produit lors d'un passage en Angleterre, où elle découvre l'aviron. Devenue sportive de haut niveau "ramer pour la gloire n'a jamais été son but, ce qu'elle veut, elle, c'est ramer pour l'exemple, consciente que ses prouesses sportives peuvent servir la cause", écrit l'autrice Sophie Danger dans le roman biographique "Alice Milliat, la femme olympique", paru cette année.
Par la suite elle deviendra tour à tour présidente du club de Femina Sport, un des premiers clubs féminins de France qui participera notamment aux premiers championnats de France d'athlétisme en 1917, avant d'être la cofondatrice puis la présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France (FSFSF) en 1919.
De cette fédération naîtront plusieurs championnats, notamment en basket et en football.
Mais la Nantaise voit bien plus grand dans son combat: elle veut que l'athlétisme féminin soit présent aux Jeux olympiques de 1920, organisés à Anvers (Belgique). Les refus du Comité international olympique et de Pierre de Coubertin n'entament pas sa détermination.
Sophie Danger : Ramer pour la gloire n'a jamais été son but, ce que veut Alice Milliat, c'est ramer pour l'exemple, consciente que ses prouesses sportives peuvent servir la causePortée à la tête de la Fédération sportive féminine internationale (FSFI, créée en 1921), elle décide de lancer des Jeux olympiques 100% féminins, dont la première édition a lieu en août 1922 au Stade Pershing, à Paris, avec cinq nations, dont la France.
Le nombre de spectateurs présents ce jour-là reste très incertain, avec des estimations très différentes selon les journaux: "Les anti-sport féminin vont dire qu'il y avait 2.000 personnes, d'autres 40.000", explique Sophie Danger à l'AFP.
Les critiques envers l'organisation et la vision de femmes participant à des courses allant jusqu'aux 1.000 mètres vont aussi noircir certaines pages des journaux. Le Miroir des sports parle de "'retard on ne peut plus considérable'", alors qu'un journaliste de l'Excelsior "désapprouve vigoureusement le spectacle donné par des concurrentes à bout de force", note encore l'autrice. Ces critiques n'empêcheront pas la tenue de trois autres éditions, appelées "Jeux mondiaux féminins", Alice Milliat ayant dû renoncer à l'appellation "olympique".
Six ans après la tenue des premiers Jeux féminins, la discipline reine des JO, l'athlétisme, accueille des femmes aux Jeux d'Amsterdam en 1928. Ces dernières peuvent concourir dans cinq disciplines, dont le 100 m et le 800 m, loin du programme complet des hommes.
Présente à Amsterdam, Alice Milliat est membre du jury en athlétisme, une première. Mais "pour elle, participer aux Jeux signifiait une participation pleine et entière", pense Sophie Danger. De plus, des critiques pleuvent encore au lendemain du 800 m, jugé trop difficile pour des femmes qui arrivent soi-disant exténuées en bout de piste. L'épreuve disparaîtra d'ailleurs du programme jusqu'en 1960 même si les épreuves se multiplient au fil des ans.
Alice Milliat, rattrapée par des soucis de santé, quitte la scène sportive en 1935, alors que la FSFI disparaît également. Sans enfant, veuve jeune, elle meurt en 1957 à l'âge de 73 ans. Elle est inhumée à Nantes, sans que son nom soit inscrit sur la pierre tombale.
Mais après plusieurs années d'oubli, son nom ressort. Des biographies, des expositions sont organisées, des stades et des gymnases sont baptisés à son nom. En 2016, la Fondation Alice Milliat, qui oeuvre à la promotion du sport féminin, voit le jour, dans le prolongement du combat de la pionnière, une "emmerdeuse formidable", ainsi que la qualifie Sophie Danger.
"Vous lui barrez la porte, elle passe par la fenêtre." En 2024, la fenêtre est désormais ouverte, avec la tenue à Paris des premiers JO 100% paritaires.