

-
Journée de l'Afrique en Azerbaïdjan : Le Maroc célèbre le continent par le 7e art
-
La 12ème édition du Forum des droits humains du Festival Gnaoua d’Essaouira, les 20 et 21 juin
-
Coup d'envoi de la 3e édition des Journées du patrimoine
-
Le Festival de Trévise célèbre la diversité culturelle entre le Maroc et l'Italie
Et ce sont encore les ruines d'une vie gâchée, confisquée, incomprise que narre le poète, romancier et nouvelliste qu'est Mohamed Al Achaari dans son dernier ouvrage « Al Qaouss wa al faracha » tout juste paru aux éditions du centre culturel arabe. Le roman d'une vie, celle de la famille Al Firsioui dans laquelle l'auteur avait déjà fait intrusion, il y a 14 ans, dans « Janoub Al Rouh », publié en 1996.
Youssef, l'anti-héros, d'« Al Qaouss wa al faracha » ressemble étrangement à Mohamed Al Achaari. Un militant de gauche qui écrit et publie des déclarations d'amour dans le supplément culturel d'un journal de la place ; éditorialiste-chroniqueur qui commente les non-dits de l'actualité ; un ancien détenu politique qui a définitivement rompu avec l'extrême-gauche et ses excès et croit à une gauche de justice sociale; Youssef est quelque part le frère jumeau de l'auteur.
A moins que ce ne soit le contraire. Puis le romanesque s'en mêle, puise dans l'actualité et le fracas de la vie, convoque l'Histoire et pioche dans l'universel. Et surtout, surtout, il y a là, la force d'un texte servi par une langue et une poésie qui rappellent que Mohamed Al Achaari est d'abord poète avant d'être archéologue de destins brisés et sondeur des tréfonds de l'âme. L'homme est aussi politique et activiste qui réfléchit à ces maux qui rongent la société: corruption, spéculation, mauvaise gouvernance. Dans la saga Al Firsioui, les tranches de vie de la famille ne sont jamais étrangères à l'actualité marocaine. On y retrouve au détour des pages l'épisode vrai et kafkaïen de ces jeunes musiciens casablancais jetés en prison après une immonde accusation de satanisme.
Revenons au roman. Youssef a perdu goût à la vie. Depuis le suicide de la mère, les relations conflictuelles avec son père, la famille Al Firsioui s'inscrit dans la tragédie. Il y a des familles que le destin n'épargne pas. Al Firsioui en fait partie. L'histoire, forcément tragique, se répète au fil des générations.
Youssef va connaître l'indicible. C'est-à-dire des sommets d'incompréhension face à l'inattendu. Son fils Yassine, ingénieur en devenir, choisit de rejoindre les talibans et s'explose, kamikaze d'une cause connue. Une mort violente pour rien, une de plus. Qui sont ces nouveaux théoriciens de l'ignorance ? Comment des parents peuvent-ils imaginer qu'un jour leur gosse deviendra Taliban, rejoindra les talibans et mourra pour une cause à des milliers de kilomètres ? « A aucun moment les parents ne peuvent imaginer que leur enfant sera un jour un kamikaze. C'est pourquoi j'ai essayé d'imaginer comment Youssef pourra se reconstruire après que son fils s’est fait exploser en Afghanistan », explique Mohamed Al Achaari.
Pire que la violence et la mort, il y a la défaite devant la vie. Et c'est aussi cela « Al Qaouss wa al faracha », un roman sur nos peurs, la somme de nos incompréhensions, la noirceur des temps modernes. Un roman écrit avec douleur et une grande sensibilité. Parce que la tragédie, la vraie, est parfois aussi belle que les ailes fragiles d'un papillon.
«Al Qaouss wa al faracha » de Mohamed Al Achaari
333 pages
Editions : centre culturel arabe
Disponible en librairie