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du monde arabe, de la période préislamique à nos jours, sont à l'honneur
à la Philharmonie de Paris.
Al Musiqa, c'est une exploration visuelle, sonore, multi-sensorielle du monde musical arabe, qu'il soit vocal ou instrumental, des musiques préislamiques à l'électro chaâbi née dans les quartiers pauvres du Caire en passant par l'incontournable Oum Kalthoum et les appels du muezzin à la prière depuis les minarets.
Véronique Rieffel, commissaire de l'exposition, travaillait en Égypte quand en 2014, la Philharmonie lui a proposé d'organiser l'événement. Al Musiqa, dont l'idée a donc germé avant les premiers attentats de 2015, tombe à point nommé pour présenter un univers aux antipodes des stéréotypes. "J'ai commencé à travailler concrètement sur l'exposition après les attentats", se souvient la commissaire, dans une déclaration à nos confrères de «CultureBox». "La question s'est posée de maintenir ou pas ce projet. J'ai estimé que c'était une raison de plus pour le faire. Quand de telles tragédies se produisent, il se dit beaucoup de choses, dans tous les sens, et il est important d'avoir des points de repère. Il faut sortir d'une appréhension purement sociologique, politique et religieuse pour parler aussi de phénomènes et faits culturels et les resituer sur un temps long."
Les attentats ont-ils eu une incidence sur le contenu de l'exposition ? "Il y a peut-être eu une influence, avec l'idée de ne pas être dans quelque chose d'uniquement contemporain", confie Véronique Rieffel. "Cette approche contemporaine possède un socle très ancien. Du temps de la naissance de l'islam et bien avant, on faisait de la musique. Il n'y a pas cet interdit que certains mouvements marginaux, rigoristes, voudraient laisser penser."
Al Musiqa propose un voyage savoureux, ponctué de couleurs, d'images, de vidéos, de sons, de chansons, d'objets mais aussi de senteurs. La scénographie est signée Matali Crasset. On peut imaginer le casse-tête qu'a dû représenter le choix des œuvres face à un sujet aussi vaste et complexe. L'excellent catalogue de l'exposition s'impose pour approfondir cette découverte.
Parmi les œuvres et installations les plus notables, on citera l'impressionnant mur de portraits, d'Anouar El-Sadate à Dalida, réalisé par Chant Avedissian, artiste arménien du Caire, l'étonnante galerie d'instruments de musique ou encore ce fascinant "jardin numérique" qui se transforme sous nos pieds. Des motifs géométriques arabes à la création numérique, il n'y a qu'un pas. "Le propos de l'exposition consiste aussi à démontrer que les musiques arabes ne sont pas des musiques exotiques, lointaines, mais qu'il y a énormément de rapprochements à faire avec nos codes esthétiques et culturels", souligne Véronique Rieffel.
Les musiques classiques et populaires, religieuses et profanes, rurales et urbaines sont à découvrir au fil de l'exposition grâce à des scopitones, des salles dédiées au raï et à l'électro où résonnent de superbes musiques (ne ratez pas l'installation Love & Revenge où fusionnent en beauté sons du passé et du présent), et bien sûr via un casque fourni à l'entrée qui permet de découvrir un énorme patrimoine. Les enfants peuvent expérimenter des percussions. Plus loin, un qanoun, cythare sur table, est mis à la disposition des curieux. Interdit en revanche de toucher au beau "piano oriental" créé par le Libanais Abdallah Chahine dans les années 60 et dont l'arrière-petite-fille a fait une bande-dessinée (il est présenté dans une vidéo).