“Ainsi parlait ma mère”: Rencontre avec Rachid Benzine sur son premier roman


Libé
Lundi 15 Mars 2021

Une rencontre avec l’écrivain et islamologue franco-marocain Rachid Benzine, autour de son roman “Ainsi parlait ma mère”, a été organisée, dimanche, à l’initiative du consulat général du Maroc à Strasbourg. Cette rencontre, tenue en coordination avec le Collectif “Réflexion et Action” de la région Grand-Est, a été l’occasion de partager avec l’assistance le parcours et les œuvres de M. Benzine, ainsi que son vécu en tant que fils d’immigrés. Ce genre d’événement constitue une occasion unique pour favoriser le dialogue interculturel, “dans lequel chaque jour on agit grâce à nos actions de coopération sur le terrain avec les représentants de la société civile ainsi que les autorités politique et locale”, a souligné le consul général du Royaume à Strasbourg, Driss El Kaissi, en ouvrant la rencontre. Le consul marocain est revenu également sur le parcours de M. Rachid Benzine, enseignant et chercheur associé au Fonds Ricœur, devenu une “figure de proue de l’Islam des lumières”, qui fait la fierté de son pays d’origine et contribue au rayonnement du modèle marocain en matière d’Islam modéré et au renforcement des relations exceptionnelles qui lie le Maroc et la France. Rachid Benzine a reçu en 2016 la plus haute distinction nationale à savoir le Wissam al moukafaa al watania. Il a été également désigné en 2019 membre de la Commission Spéciale pour un nouveau Modèle de Développement pour notre pays, a rappelé le diplomate. Lors de cette conférence, modérée par l’académicien franco-marocain Gabriel Attias, l’auteur est revenu sur la genèse de son premier roman, où il raconte une histoire émouvante qui rend hommage aux sacrifices d’une mère, et à travers elle à toutes les mères de la première génération des migrants marocains en Europe. Rachid Benzine a expliqué que son roman s’intéresse également à la question de la vulnérabilité de la vieillesse ainsi qu’à la problématique de la transmission du récit, ajoutant que le roman met aussi en lumière la question de la reconnaissance et la gratitude envers les premières générations de migrants marocains ainsi que les difficultés d’intégration vécues au sein des sociétés européennes. “Ainsi parlait ma mère”, première expérience romanesque de Rachid Benzine, paru en janvier 2020, se veut aussi une contribution à la réhabilitation de la culture orale, a précisé l’auteur. Dans cette fiction, Rachid Benzine donne la voix au narrateur, universitaire de 54 ans, pour se livrer à des confidences touchantes sur une relation très intime avec sa génitrice, femme illettrée qui débarqué en Europe avec son époux lors de la première vague des migrations marocaines vers le vieux continent au milieu des années 50. Il s’agit d’une relation exceptionnelle avec la mère, désormais âgée de 93 ans, contrainte, après le décès de son époux dans un accident de travail, de jouer le double rôle de mère et de père pour subvenir aux besoins de ses cinq enfants, leur assurer une bonne éducation et leur offrir une vie décente dans une société belge, à l’époque hostile aux étrangers. Remuant les fins fonds de ses souvenirs, le narrateur revient sur plusieurs épisodes, gravés à jamais dans sa mémoire, de ses rapports avec sa “momie” comme il aime l’appeler après que l’âge et les maladies lui ont ravi tout éclat, une femme qui a bravé les difficultés et les obstacles de la langue et les stéréotypes sociaux pour se frayer une place au sein de la société et guider ses enfants vers le port du salut. La rencontre a été marquée par un échange entre M. Benzine et l’assistance et la récitation d’extraits de “Ainsi parlait ma mère” sous des mélodies de luth joliment interprétées par un jeune artiste membre de la communauté marocaine de la région du Grand-Est.


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