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Les procureurs financiers français ont publié mercredi une brève déclaration disant qu’ils enquêtaient sur les conclusions d’un rapport du Sénat publié le mois dernier. Le rapport détaille comment le gouvernement a dépensé 893,9 millions d’euros, l’année dernière pour des consultants, dont McKinsey & Co. Il s’agit d’une augmentation considérable par rapport aux 379,1 millions d’euros dépensés en 2018, la première année complète de M. Macron au pouvoir, selon le rapport.
Les dépenses de consultation des ministères ont plus que doublé depuis le début du mandat de Macron en tant que président français, avec une forte accélération en 2021 (en hausse de 45% par rapport à l’année précédente) en raison de la pandémie, selon le rapport de la commission d’enquête – composée d’un groupe de sénateurs et dirigée par l’opposition.
Cette affaire vient frapper de plein fouet la campagne électorale du Président sortant, qui souffrait déjà de l’image du président des riches, et elle fait d’autant plus mal que les sénateurs ont également accusé McKinsey d’avoir menti sur sa situation fiscale lors des audiences parlementaires et ont déclaré avoir déposé une plainte auprès du bureau du procureur. Malgré des accords lucratifs avec le gouvernement français au fil des ans, McKinsey « n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans », a déclaré la sénatrice Éliane Assassi lors d’une conférence de presse. « L’un des administrateurs [de McKinsey] a dit sous serment ... que McKinsey payait des impôts en France, alors nous avons vérifié en [demandant des données] au ministère des Finances. La conclusion est claire».
Le recours aux cabinets de conseil est de plus en plus considéré comme normal depuis des années, voire des décennies dans des pays voisins comme le Royaume Uni, l’Espagne, l’Allemagne ou la suisse, c’est d’ailleurs le premier argument de Macron pour justifier les faits. Mais cette pratique a suscité la controverse en France, un pays traditionnellement très fier de la qualité de sa fonction publique et qui s’est montré inquiet des intrusions du secteur privé dans les affaires publiques. Cependant, l’assistance des cabinets de conseils à l’administration publique n’est pas née avec le gouvernement Macron. L’idée est sur la table depuis la fin des années 80, mais c’est surtout le gouvernement de Sarkozy en 2007 qui a ouvert les grandes portes à ces cabinets lorsqu’il avait promis de rendre l’état français rentable, en engageant McKinsey, Deloitte, BCG, Accenture et Capgemini pour une valeur de 250 millions d’euros afin de s’occuper des ressources humaines et la numérisation de l’administration, allant même jusqu’à embaucher certains consultants en tant que responsable de la transformation publique, chose qui n’avait pas vraiment plu à la Cour des Comptes française.
La commission d’enquête du Sénat, qui a dénoncé une « opacité » et un manque de responsabilité dans l’utilisation des sociétés de conseil, a présenté une analyse détaillée des dépenses de conseil qui, selon elle, représentent « un pognon de dingue » – une allusion directe à une vidéo de 2018 de Macron critiquant les soins sociaux comme « coûtant un pognon de dingue », qui est devenue un point focal des manifestations des gilets jaunes, et qui lui a collé l’image du président arrogant.
Il est vrai que Mckinsey – même s’il est le cabinet de conseil avec la plus grande part du marché public – n’est pas le seul cabinet de conseil à collaborer avec le gouvernement français, mais son nom se trouve lié à cette affaire pour plusieurs raisons : la première est que c’est un cabinet américain et nous imaginons déjà les Français dire «Nous laissons les Américains gérer nos actions publiques », ensuite il y a la relation étroite entre Macron et son entourage avec le top management de Mckinsey France, puis le fait de l’implication du cabinet dans la stratégie de vaccination contre le Covid-19 alors qu’il avait payé un règlement de 573 millions de dollars aux ÉtatsUnis sur des allégations sur son rôle dans la crise des opioïdes et avait fait face à des scandales de corruption, et enfin la «cerise sur le gâteau» est qu’il n’ait pas payé ses impôts en France depuis 10 ans.
Alors qu’Emmanuelle Macron réussissait jusque-là à mener une campagne tranquille et discrète, appuyée par son rôle de chef d’état en temps de guerre en Europe, ce qui lui permettait de monter dans les sondages tout en évitant le moindre débat avec les autres candidats, cette affaire vient perturber ces plans et refait surgir toutes les critiques qui lui ont été adressées depuis le début de son mandat, en le rapprochant sérieusement dans les sondages de Marine Lepen – qui surfe, quant à elle, sur la vague du pouvoir d’achat, et de la dédiabolisation avec un certain succès - et en annonçant un deuxième tour très serré entre les deux candidats, qui se confirmera - ou pas - à l’annonce des résultats du premier tour.
Par Ziad Bensalla