
Adly Mansour devra tenir les rênes d'un pays divisé après plusieurs jours de manifestations massives et sanglantes entre opposants et partisans du premier président élu démocratiquement en Egypte.
Ironie du sort, ce juge avait été nommé président du Conseil constitutionnel par M. Morsi lui-même à la mi-mai, fonctions qu'il a prises il y a seulement deux jours.
Ce sexagénaire, père de trois enfants, a obtenu une bourse pour étudier dans la prestigieuse Ecole nationale d'administration (ENA) à Paris avant d'entamer une longue carrière judiciaire sous de régime de Hosni Moubarak.
Il a exercé dans des tribunaux religieux, encadrés par l'Etat égyptien, où il émettait des fatwas ou des décrets sur des questions religieuses, mais aussi dans des cours civiles et criminelles.
Contrairement aux principaux leaders d'opposition --comme le prix Nobel de la paix Mohammed ElBaradei ou l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa-- son nom n'est jamais apparu parmi les successeurs potentiels de M. Morsi. Cet anonymat relatif a probablement intéressé les militaires désireux de mettre en avant une figure neutre pour assurer la transition qui s'annonce mouvementée. Ce juge mince et moustachu de 67 ans aurait probablement pu parcourir les manifestations, qui ont rassemblé des millions d'Egyptiens depuis dimanche pour demander le départ de M. Morsi, sans être reconnu.
Son portrait n'a jamais figuré parmi ceux brandis lors des rassemblements d'opposants au régime des Frères musulmans qui ont culminé mercredi avec l'annonce de son arrivée au pouvoir, à la tête d'un gouvernement transitoire.