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Durant tout son parcours, l'auteur de "Retour d'Abou Al Haki " impose à la fois respect et admiration. Un intellectuel d'une trempe rare, dira Mohamed Berrada qui le met côte à côte avec James Joyce et Marcel Proust. C'est dire ce souffle littéraire, mais aussi intellectuel d'un être littéraire en parfaite synergie avec son époque. Lui qui a tardé à intégrer la communauté littéraire puisqu'il n'a édité son premier livre, le fameux " Parcours immobile ", qu'après l'âge de 60 ans, s'est adonné dans un plaisir d'enfant à revenir puiser dans les questions d'identité, de politique, de culture populaire. Un penchant à la fois méticuleux et modeste sur une expérience à laquelle il avait pris part, lui le jeune résistant à l'occupant, le révolutionnaire face aux despotes, l'éclairé face aux obscurantistes. Une production prolifique et qualitative en même temps. Mais, "Abou Al Haki" a eu du mal à convaincre les éditeurs français de publier ses ouvrages. Ses positions ne rentraient pas dans le cadre du "politiquement correct". Les grandes maisons d'édition françaises allaient lui fermer leurs portes, quand il voulut éditer "Mille ans un jour" qui avait comme source narrative les événements de Sabra et Chatila.
" Je suis un Marocain d'abord, de confession juive ensuite "
"Le lobby sioniste n'y avait vu qu'antisémitisme", se rappelle El Maleh lors d'une soirée littéraire télévisée. Pourtant, ce n'est qu'un point de vue développé à travers une analyse rejetant catégoriquement le judéo-centrisme. Selon lui, le sionisme a tenté conjointement de liquider le peuple palestinien chez lui et, dans une logique incontestable, détruire les communautés juives dans le monde arabe. Il ne fléchit pas pour autant. Et ne tourne pas non plus autour du pot. Lorsqu'un journaliste de la BBC voulait le présenter en tant que juif marocain, il a tout de suite réagi : "Je suis un Marocain d'abord, puis de confession juive ensuite". Une lecture positive, rationnelle et démocratique qui prend en compte cette pluralité ethnique, religieuse et linguistique prévalant dans son pays : le Maroc.
"Nous sommes tous les fils d'une même nation, sauf que d'aucuns sont musulmans et d'autres de confession juive", disait ce grand écrivain qui ne lésine pas sur les qualificatifs pour taxer une "identité prise comme un cheval de bataille" et du coup "y voit parfois une tonalité policière". Elle est, selon lui, à la fois complexe, criminelle, brutale et ouvre une grande porte aux aspects de la violence. "J'étais parmi les rares juifs marocains à n'avoir pas demandé la nationalité française à l'époque, parce que cela signifiait laisser tomber mon pays ", renchérit-il. Celui qui affiche sa fierté d'être appelé "Hadj Edmond ", signe de reconnaissance de la part de l'entourage intellectuel, ne cache pas qu'il s'agit là de l'une des valeurs perdues ailleurs. " Alors que les vieilles personnes sont jetées aux oubliettes ailleurs, chez nous au Maroc, elles sont l'objet d'une attention particulière ", dit-il. Un égard bien mérité. Adieu Hadj Edmond.