
A première vue, les jeux semblent faits. D'un côté, la "femme la plus puissante du monde", en quête d'un troisième mandat de quatre ans, qui caracole en tête des sondages. De l'autre, un social-démocrate (SPD) mal aimé et qui peine à incarner les valeurs d'un parti profondément divisé.
Chef du gouvernement, elle occupe naturellement la scène médiatique: aux côtés des victimes d'inondations, en leader international au G8, recevant le président américain Barack Obama à Berlin.
Son adversaire, Peer Steinbrück, s'est seulement illustré il y a peu en versant une larme après que sa femme Gertrud l'a défendu publiquement contre les attaques médiatiques récurrentes.
"Même si elle a toutes les cartes en main, la chancelière sait que les jeux ne sont pas faits", affirme pourtant Lothar Probst, politologue de l'université de Brême.
"La CDU/CSU est quasi-certaine d'arriver en tête, essentiellement grâce à la popularité de Merkel. Mais cela ne veut pas dire qu'elle est assurée de rester chancelière", estime aussi Oskar Niedermayer, chercheur en sciences politiques à l'université libre de Berlin.
Il souligne qu'en Allemagne on vote pour des partis, pas pour des personnalités, à la quasi-proportionnelle.
"D'après les sondages, il suffit d'un mouvement de 2 ou 3 points pour passer d'une victoire de la coalition au pouvoir à une victoire de l'opposition SPD/Verts, ou bien à une situation où aucun des deux blocs n'aurait de majorité, ce qui conduirait probablement à une grande coalition des conservateurs avec les sociaux-démocrates", explique-t-il.
Populaire comme défenseuse acharnée des intérêts de son pays dans la crise de l'euro, "pragmatique et modeste" comme l'aiment les Allemands, selon M. Probst, elle commençait à être critiquée sur le thème de l'isolement de l'Allemagne en Europe.