
L’opération, lancée par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avec l’appui du Raid et du GIPN, a débuté à 06h00 à Marseille, Roubaix, Pau, Carpentras, à Valence et à Bon-Encontre, dans le Lot-et-Garonne, notamment, et des perquisitions ont été menées, a-t-on appris de même source.
L’opération s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet antiterroriste de Paris, visant huit individus présentant des profils similaires à celui de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Montauban et de Toulouse.
Il s’agit d’individus isolés, autoradicalisés, présentant pour certains des profils de petits délinquants, et qui se sont rendus ou projetaient de se rendre dans la zone pakistano-afghane et dans le Sahel.
Ils ont été repérés sur des forums islamistes sur Internet, a indiqué la source policière.
«Je ne peux que prendre acte de toutes les arrestations qui ont été faites», a réagi sur Europe 1 le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, qui a appelé au «respect de la légalité et du respect des droits de chacun».
Cette opération survient quelques jours seulement après un premier coup de filet mené dans les milieux islamistes qui a conduit à l’interpellation de 19 personnes et à la saisie d’armes de guerre.
Sur les 19 islamistes présumés arrêtés le 30 mars dernier, 17 ont été placés en garde à vue.
Conformément aux réquisitions du parquet, treize d’entre eux ont été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi par trois juges d’instruction pour «association de malfaiteurs en vue de commettre un acte de terrorisme, acquisition, détention et transports d’armes», a-t-on appris de source judiciaire.
Neuf d’entre eux ont été incarcérés et quatre ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire, a-t-on appris de même source.
Le parquet de Paris avait requis mardi l’incarcération de neuf suspects, membres présumés du groupe Forsane Alizza («Les Cavaliers de la fierté»), et notamment de leur leader Mohamed Achamlane.
Alors que plusieurs voix ont dénoncé ces derniers jours une opération de communication du gouvernement, à moins de trois semaines de l’élection présidentielle, le candidat du MoDem François Bayrou s’est étonné mardi de la présence de journalistes lors des opérations menées par la DCRI.
«Que l’Etat assume sa responsabilité en mettant sous contrôle ou en interdisant des rassemblements ou des bandes qui seraient soupçonnées, c’est bien. Que ça se fasse devant des journalistes convoqués, je trouve ça un peu plus étonnant», a estimé le leader centriste sur i>TELE.
«Des interventions policières de cet ordre sous le contrôle de la justice ne devraient pas se faire, me semble-t-il, sous forme publicitaire. La sécurité et la mise en scène, ce sont deux choses différentes et on a besoin d’un Etat qui soit extrêmement sérieux dans son contrôle dans son renseignement et sobre dans ses attitudes».
Au Parti socialiste, François Hollande s’est pour sa part dit surpris par l’agenda des opérations.
«S’il y a des soupçons, s’il y a des risques, ils doivent être conjurés. Ce qui peut surprendre, c’est pourquoi le faire après un acte terroriste qui a profondément affecté les esprits», a dit le député de Corrèze, faisant référence aux tueries de Toulouse et Montauban au cours desquelles sept personnes ont été abattues de sang-froid par Mohamed Merah.
«Je ne mets pas en cause du tout ce qui se fait, ce que je dis simplement c’est que nous aurions dû, pu, peut-être, faire davantage avant», a ajouté le candidat socialiste.
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, s’est quant à elle dite «choquée» par la médiatisation des opérations.
«Je suis pour la fermeté mais pas pour le spectacle, je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là, laissons la justice faire son travail», a-t-elle dit sur France info.