
«Malgré les mesures répressives du gouvernement, nous assurons que nous poursuivrons notre campagne de protestation (...) et nous annoncerons de nouvelles activités bientôt», a promis un communiqué publié à l’issue d’une réunion des groupes de l’opposition.
Dimanche soir, la police avait fait usage de gaz lacrymogène, de bombes assourdissantes et de balles en caoutchouc pour disperser des manifestants qui protestaient contre un amendement de la loi électorale. Plus de 100 manifestants et onze policiers avaient été blessés.
La manifestation était «la plus importante de l’histoire du Koweït», selon des militants de l’opposition qui ont affirmé qu’elle avait mobilisé 200.000 participants, un chiffre ramené à 30.000 par des sources indépendantes. La police n’a pas fait d’estimation.
Selon l’avocat Al-Humaidi al-Subaie, environ 70 manifestants ont été arrêtés dimanche, mais le ministère de l’Intérieur a ordonné leur libération. «Tous ont été libérés sans caution» et sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux, a-t-il assuré sur son compte Twitter.
L’opposition a affirmé dans son communiqué que la lutte pour les réformes était «une longue bataille» mais a assuré que les protestations populaires n’étaient «pas dirigées contre les Al Sabah», la dynastie au pouvoir depuis plus de 250 ans.
«Les revendications du peuple koweïtien ne se limitent pas à l’abolition du décret (sur l’amendement de la loi électorale...) mais incluent des réformes politiques qui transformeraient le Koweït en démocratie parlementaire», a ajouté le communiqué.
L’opposition avait appelé à manifester dimanche soir contre la décision de l’émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, de modifier la loi électorale avant les élections législatives anticipées du 1er décembre, redoutant une manipulation du scrutin.
«Malheureusement, nous nous dirigeons vers l’inconnu. Je m’attends à de nouvelles protestations, à davantage de manifestations et de confrontations», a estimé Ayed al-Manna, un professeur koweïtien de sciences politiques. «Le régime peut déclarer la loi martiale, ce qui conduirait à une confrontation ouverte entre le régime et le peuple».
«Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, où les jeunes jouent un rôle central dans l’opposition», selon Dahem al-Qahtani, un expert indépendant.
«En l’absence d’une solution pacifique, nous pourrions aller vers un scénario similaire à celui de Bahreïn», a-t-il déclaré à l’AFP, en référence au petit royaume secoué par des manifestations sporadiques mais persistantes contre la famille régnante.
«A ce stade, il est très difficile, voire impossible pour le mouvement populaire de faire marche arrière. La solution réside dans de véritables réformes démocratiques», a-t-il souligné.