A Vienne, le Maroc appelle à une gouvernance sécuritaire intégrée contre le crime organisé


Libé
Jeudi 22 Mai 2025

A Vienne, le Maroc appelle à une gouvernance sécuritaire intégrée contre le crime organisé
La lutte efficace contre le crime organisé nécessite une évolution vers une gouvernance sécuritaire intégrée, axée sur la coordination sur le terrain, l'échange proactif de renseignements et le démantèlement des réseaux criminels par le biais d'actions conjointes, a indiqué mardi l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations unies et des organisations internationales à Vienne, Azzeddine Farhane.

Le lien entre le terrorisme, la traite des êtres humains, le trafic de migrants et le trafic de drogue et d'armes à feu exige plus que jamais une réponse ferme, structurée et collective, a souligné M. Farhane, dans son allocution à l'occasion de la 34e session de la Commission des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale (CCPCJ).

Ces défis transnationaux ne peuvent être relevés de manière isolée. Ils nécessitent une coordination opérationnelle, un partage d'informations en temps réel et des partenariats basés sur la confiance aux niveaux bilatéral, sous-régional, régional et international, a martelé le diplomate.

"A cette fin, le Maroc appelle à un engagement renouvelé en faveur de la promotion de la coopération internationale et de la fourniture d'une assistance technique, loin de toute approche fragmentée et non collaborative, ayant des motivations idéologiques ou politiques", a-t-il poursuivi. De plus, le Royaume reste déterminé à renforcer la coopération en matière d'application de la loi, à développer les capacités institutionnelles et à promouvoir l'harmonisation juridique afin de garantir des réponses rapides et légales, a affirmé M. Farhane.

Dans le cadre de son engagement à mettre pleinement en œuvre la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC) et à harmoniser son droit interne, le Maroc a franchi une étape importante avec l'adoption de la loi sur les peines alternatives, qui introduit des mesures non privatives de liberté telles que le travail d'intérêt général, la surveillance électronique et les pratiques de justice réparatrice, a-t-il rappelé.

Cette nouvelle loi reflète, selon lui, un changement substantiel vers la réhabilitation et la réintégration sociale, tout en s'alignant sur les normes internationales des droits de l'Homme et les règles minimales des Nations unies pour les mesures non privatives de liberté. De plus, fort de son engagement de longue date, le Maroc a conclu plus de 95 accords de coopération judiciaire en matière pénale avec des partenaires du monde entier. "Ces accords sont des outils essentiels pour l'entraide judiciaire, l'extradition et le renforcement des capacités", a expliqué M. Farhane.

Au niveau continental, le Royaume, dans le cadre de la Haute Vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour une Afrique pacifique, stable et prospère, poursuit son leadership actif pour faire avancer les réponses communes aux menaces transfrontalières, a-t-il dit. Dans ce contexte, le Royaume du Maroc a été élu vice-président de l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) pour l'Afrique, lors de la 92e Assemblée générale qui s'est tenue à Glasgow en novembre dernier.

"Cette élection, soutenue par 96 pays membres, constitue une reconnaissance du rôle actif et crédible du Maroc dans la promotion de la coopération policière régionale et internationale, ainsi que de son engagement ferme à renforcer la réponse globale à la criminalité transnationale organisée", a-t-il ajouté.

Ce mandat reflète également l'orientation stratégique du Maroc visant à promouvoir la coopération Sud-Sud, à renforcer les capacités des institutions de sécurité africaines et à fournir un soutien technique et opérationnel aux initiatives régionales, a indiqué le diplomate. Le Maroc continuera à s'engager de manière constructive au sein d'INTERPOL pour favoriser la confiance, la coordination et l'échange de renseignements entre ses Etats membres, dans le but de renforcer la résilience des systèmes africains d'application de la loi face à des menaces complexes et en constante évolution, a assuré M. Farhane.

Dans le cadre de sa contribution à l'organisation du quinzième Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale, et conformément à son engagement de longue date en faveur du multilatéralisme et du dialogue régional, le Royaume a organisé la réunion préparatoire régionale pour l'Asie occidentale, qui s'est tenue à Marrakech du 23 au 25 avril dernier. Cette réunion a constitué une plateforme essentielle pour les acteurs régionaux, qui ont pu engager un dialogue orienté vers l'action et formuler des recommandations concrètes alignées sur le thème principal du Congrès.

En ce qui concerne la gouvernance des migrations, le Maroc continue de mettre en œuvre la Stratégie nationale pour l'immigration et l'asile, adoptée depuis la dernière décennie, qui garantit l'accès des migrants au marché du travail, à l'éducation publique et aux services de santé.

Cependant, le Royaume reste profondément préoccupé par l'augmentation persistante des réseaux de trafic de migrants. Ces groupes criminels continuent d'exploiter le désespoir d'individus vulnérables, les exposant à la violence, à l'extorsion et à des voyages qui mettent leur vie en danger, a-t-il déploré, notant qu'en réponse, le Maroc a intensifié ses efforts pour démanteler les réseaux de passeurs et prévenir la migration irrégulière, conformément à son approche de la gouvernance migratoire fondée sur les droits de l'Homme.

Et de rappeler qu'en 2024, les autorités marocaines ont démantelé 332 réseaux de passeurs, empêché 78.685 tentatives de migration irrégulière et secouru 18.645 migrants en mer, ce qui représente une augmentation de 4,6 % des tentatives de traversée illégale par rapport à l'année précédente. Ces actions ont été complétées par une surveillance proactive, une coopération transfrontalière et des mesures de soutien humanitaire.

Par ailleurs, la lutte contre le terrorisme reste au cœur de la doctrine sécuritaire du Maroc, a-t-il dit. Guidé par les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a mis en œuvre une stratégie globale de lutte contre le terrorisme basée sur le renforcement des mécanismes de sécurité intérieure, des programmes de développement socio-économique, et la réforme du domaine religieux pour promouvoir la tolérance et lutter contre les idéologies radicales.

Pour renforcer encore ces efforts, le Maroc continue de mettre à jour son cadre juridique pour lutter contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et le cyberterrorisme, a-t-il détaillé.

En ce qui concerne la contribution du Maroc à l'action mondiale dans la lutte contre le terrorisme, le diplomate a rappelé que le Royaume accueille le Bureau des Nations unies pour la formation et la lutte contre le terrorisme en Afrique (UNOCT) à Rabat, depuis 2021.
Dans le même esprit, le Maroc a réaffirmé son fort engagement en faveur de la coopération multilatérale en matière de sécurité en co-organisant le briefing de haut niveau sur la résolution 79/136 de l'Assemblée générale des Nations unies, qui s'est tenu à Vienne le 4 février dernier.

Cet événement a permis de présenter la résolution, coparrainée par le Maroc et la France, sur la coopération entre l'ONU et INTERPOL, et de mettre en avant les capacités opérationnelles d'INTERPOL, telles que les systèmes de communication sécurisés et les bases de données criminelles, qui contribuent à la mise en œuvre des mandats internationaux, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, de la sécurité des frontières et de la cybercriminalité.

A cet égard, le Maroc continue de plaider pour des approches inclusives qui créent des synergies et une cohérence des stratégies multilatérales de prévention de la criminalité, en favorisant l'alignement entre les organes de l'ONU à Vienne, Genève et New York, a soutenu M. Farhane. Et de conclure que le rôle actif du Maroc dans ces efforts sera couronné par l'accueil de la 93e Assemblée générale d'INTERPOL à Marrakech en 2025, un événement marquant qui consolidera davantage son leadership dans la coopération internationale en matière de sécurité.


Lu 198 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Actualité | Dossiers du weekend | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Chronique | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe




Flux RSS