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A Atbara, la révolution soudanaise a triomphé de la crise du pain


Jeudi 19 Décembre 2019

Dans la ville d'Atbara, berceau de la révolution soudanaise, la crise du pain en décembre 2018 appartient au passé, disent les habitants, la précieuse denrée étant désormais distribuée sous la surveillance de comités citoyens.
C'est dans les rues poussiéreuses de cette ville ouvrière des bords du Nil au nord-est de Khartoum, que la contestation, qui a mené à la chute du président Omar el-Béchir en avril, a pris ses racines il y a un an après le triplement du prix du pain en plein marasme économique.
"Maintenant il n'y a plus de problème pour le pain", lance dans ce centre ferroviaire important, Magdy Mohamed Ahmed, 45 ans, à l'approche du 1er anniversaire du soulèvement le 19 décembre.
"Chaque famille peut obtenir la quantité qu'elle souhaite et les boulangeries produisent plus que les besoins de la ville", dit-il à l'AFP en accusant l'ancien gouvernement de "mauvaise gestion".
Mi-décembre 2018, le prix du pain était passé d'une livre à trois livres soudanaises pour un pain de 70 grammes à Atbara, mais aussi à Port-Soudan, principal port du pays situé à 1.000 km à l'est de la capitale, et à Nhoud (ouest). Les files d'attente interminables commençaient à 02H00 chaque matin.
Les habitants des trois villes sont aussitôt descendus dans les rues et peu à peu, des affrontements violents ont opposé les manifestants à la police. Puis la contestation a gagné d'autres régions dont la capitale Khartoum et sa ville jumelle d'Omdourman.
Un an après, dans les rues calmes d'Atbara, les habitants vaquent à leurs occupations et aucune file d'attente n'est visible devant les boulangeries.
Le pain de 70 grammes est de nouveau vendu pour une livre. Mais cette denrée reste subventionnée par l'Etat qui en contrôle le prix.
Après la chute de l'ex-dictateur Béchir, l'armée a accepté un partage du pouvoir et un Conseil souverain composé de militaires et de civils dirige le pays depuis août aux côtés d'un Premier ministre civil.
"Nous sommes fiers de ce gouvernement!", lance en sortant d'une boulangerie Noujd el-Shelali, 35 ans, ingénieure agricole. "C'est nous qui l'avons mis en place".
A Atbara comme ailleurs, la distribution du pain est organisée par les membres des Comités citoyens de lutte qui ont mis en place un système de cartes attribuées à chaque famille, afin d'éviter les achats et reventes sur le marché noir.
Ce type de comités, apparus avant le soulèvement, cherche à s'assurer que la distribution du pain est faite correctement, palliant ainsi les défaillances de l'Etat, sous M. Béchir, expliquent leurs responsables.
Imad Abdel Hafez, 40 ans, membre du Comité citoyen d'Atbara, sort d'une boulangerie du centre avec un sac en plastique rempli de pain.
"Maintenant, nous surveillons tout: la distribution de la farine, les boulangeries, la fabrication et la vente du pain", dit-il en expliquant que le comité a des représentants dans chaque boulangerie en permanence.
Près du marché de la ville, Heba Alaa Allah, 30 ans, en voile, s'enthousiasme: "Nous avons dit au revoir à la crise du pain" grâce, selon elle, aux Comités citoyens.
Toutefois, elle souligne que le prix des autres denrées alimentaires comme les fruits, les légumes ou la viandes reste élevé.
Même remarque de la part de Said Ahmed Mokhtar, 60 ans, l'un des responsables de la contestation à Atbara et qui aujourd'hui soutient le gouvernement de transition.
"Les gens attendent toujours des améliorations pour le prix des denrées", dit-il en annonçant que les habitants d'Atbara célébreront malgré tout cette semaine l'anniversaire de la révolution.
En hommage aux premiers manifestants, les Forces pour la liberté et le changement (FLC), principale organisation de la contestation, enverront à Atbara un train rempli de manifestants pour les célébrations.


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