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33 partis politiques pour 33 millions de Marocains

L’encadrement et la formation politique des citoyens laissent à désirer


Kamal Mountassir
Vendredi 25 Octobre 2013

Législatives 2011 : Répartition des candidats par partis politiques au Maroc
Législatives 2011 : Répartition des candidats par partis politiques au Maroc
33 partis politiques pour un pays comme le Maroc, n’est-ce pas beaucoup ?
Le communiqué, rendu public hier par le ministère de l’Intérieur annonçant la fin du délai légal imparti aux formations politiques pour se mettre en adéquation avec la loi organique relative aux partis politiques, se félicite certes  du fait que l’ensemble de ces derniers ont tenu leurs congrès et apporté les changements nécessaires à leurs statuts respectifs dans les délais réglementaires. Cependant, il rappelle que le nombre de formations politiques légalement constituées s’élève à 33. Un nombre qui a légèrement diminué du fait des fusions opérées tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique mais qui demeure injustifiable d’autant plus que notre pays ne compte qu’une trentaine de millions d’âmes et qu’il est difficilement concevable que sa population soit traversée par autant d’idéologies et de courants suffisamment diversifiés pour nécessiter des représentations aussi nombreuses.
Néanmoins seuls 17 partis sont représentés au Parlement et seule une dizaine de formations politiques  arrivent à former un groupe parlementaire à l’hémicycle au niveau de la première Chambre.
Le communiqué du département de l’Intérieur constate également que 16 partis ne sont pas représentés au Parlement. Il faut dire que certains boycottent les élections alors que d’autres n’ont de formations politiques que de nom et n’apparaissent qu’en période électorale.
Dans la réalité, on reste loin de  la Constitution qui stipule explicitement: « Les partis politiques œuvrent à l’encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Ils concourent à l’expression de la volonté des électeurs et participent à l’exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l’alternance par les moyens démocratiques, dans le cadre des institutions constitutionnelles. Leur constitution et l’exercice de leurs activités sont libres, dans le respect de la Constitution et de la loi… ».
De ce fait, l’observation attentive de l’évolution du multipartisme marocain montre que le nombre de formations politiques ne cesse de croître. On est passé de 9 partis aux élections législatives de 1977, à 26 aux élections de 2002 et à 33 actuellement. L’existence de cette pléthore de partis n’est donc pas synonyme de pluralisme.
Le pluralisme ne peut être réduit à la présence d’un certain nombre d’acteurs partisans et militants sur la scène politique. Plusieurs partis, quelle que soit la diversité des opinions qu’ils défendent, ne font pas le pluralisme. Ils sont au mieux l’expression du multipartisme.
Le pluralisme induit, en effet, davantage d’implication  de la part des partis, non seulement en matière de capacité d’exprimer des positions idéologiques différentes, mais aussi de les traduire en discours et en propositions concrètes, réalistes, opérationnelles, voire d’être en mesure de les mettre en œuvre par l’exercice effectif et réel de responsabilités gouvernementales. Ce n’est, semble-t-il, pas le cas comme en témoignent les à-coups et les soubresauts qui ont marqué les deux versions du gouvernement Benkirane. Lesquelles ont introduit davantage de confusion dans un champ politique fort émietté et dont la configuration ne traduisait nullement les réalités du champ social.
Mais il faut savoir raison garder et, surtout ne pas verser dans le pessimisme que cultive  cette confusion: les règles du jeu vont peut-être changer. La nécessaire recomposition du champ politique que tout le monde appelle de ses vœux ne serait-elle pas aussi, à sa manière, une redéfinition du pluralisme politique ? La réponse à cette question sera l’un des enjeux, sans doute l’un des défis qu’il faut relever pour bâtir un Maroc plus démocratique, plus moderniste et, surtout, plus développé.


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