Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

20ème anniversaire de la création du Conseil consultatif des droits de l’Homme : Mehdi Ben barka le grand oublié


M’Hamed Hamrouch
Vendredi 7 Mai 2010

20ème anniversaire de la création du Conseil consultatif des droits de l’Homme : Mehdi Ben barka le grand oublié
8 mai 1990-8 mai 2010. Vingt ans se sont écoulés depuis la création du Conseil consultatif des droits de l’Homme, mis sur orbite par le défunt Roi Hassan II pour opérer une rupture symbolique avec les années de plomb et tourner une sombre page faite de sang, de larmes et de douleur. Beaucoup d’eau a donc coulé sous le pont depuis ce mémorable 8 mai 1990. Maintenant, surgit cette question : Le Maroc a-t-il réellement réglé ses comptes avec son passé, exorcisé ses démons et enterré une bonne fois pour toutes cette chape de plomb qui lui a valu autant de regrettables victimes et à leurs familles autant de drames inutiles ? La question est aujourd’hui sur toutes les lèvres, ou presque. « Je peux dire maintenant que je suis rassuré sur l’avenir de mes enfants et sur celui du pays où ils vont vivre », soupire Chawki Benyoub, membre du CCDH, contacté par « Libé ». Un sentiment du devoir accompli pour les uns, mais aussi et surtout un arrière-goût d’inachevé pour d’autres. Si l’on peut admettre avec le CCDH que le plus gros des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation ont été mises en œuvre, il n’en reste pas moins que ce mécanisme des droits de l’Homme n’a toujours pas réussi à rétablir toute la vérité sur le dossier des disparitions. Neuf cas de disparitions sur soixante-six n’ont toujours pas été élucidés par le CCDH, dont celui du regretté Mehdi Ben Barka. « J’admets que nous n’avons enregistré aucun progrès à ce propos, car il s’agit d’un cas très compliqué (…) Il n’y avait pas de collaboration jusqu’à présent de quiconque».
Ahmed Herzenni, président du CCDH, a presque l’air de s’excuser. Une chose, cela étant, est sûre : les bourreaux ont beau courir, ils ne pourront jamais dormir tranquilles. Pas plus que ceux qui, par leur silence complice et donc coupable, essaient vainement de les couvrir. La vérité a la peau dure et ce n’est que partie remise.
Au-delà de cette question, une autre ombre vient pointer au tableau. Une autre principale recommandation de l’IER (créée en 2003) n’a toujours pas été mise en œuvre : la mise en place d’une stratégie nationale pour combattre l’impunité. Le tissu associatif regrette que, 7 ans après la mise en place de l’IER, le Maroc ne soit pas arrivé à se doter d’une stratégie claire pour en finir avec cette impunité.
Si à cela, on devrait ajouter cet autre dossier des anciens détenus politiques qui ne sont toujours pas indemnisés, et socialement réintégrés, ce qui relève de la responsabilité de l’actuel Exécutif, on est en droit de mettre entre parenthèses ce « sentiment du devoir accompli » et dire avec nombre d’acteurs associatifs qu’il reste encore à faire pour une sortie de tunnel complète et définitive.
Mais cela étant, le CCDH a bel et bien rempli nombre de ses devoirs. S’agissant de la réparation individuelle,  90 % des dossiers auront été traités notamment en ce qui concerne le règlement de la situation administrative et financière des victimes. La réparation communautaire n’a pas été non plus en reste, puisqu’un travail louable a été accompli par le CCDH dans la préservation et la réhabilitation de la mémoire collective. Cette opération a concerné pas moins de onze provinces ayant abrité les anciens bagnes secrets et ayant particulièrement fait l’objet d’anciennes bavures anarcho-policières. Le CCDH entreprend depuis ces derniers temps de grands efforts pour une ré-humanisation des anciens sites en les transformant en lieux de mémoire.
Tout compte fait, et en dehors du cas de Mehdi Ben Barka et de celui d’anciens détenus politiques, le CCDH peut se prévaloir d’avoir été la pièce maîtresse de ce magnifique processus de réconciliation des citoyens avec leur histoire. 


Lu 875 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dans la même rubrique :
< >

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe










L M M J V S D
    1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31    





Flux RSS
p