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Si 1917 en impose par ses plans-séquences parfaitement maîtrisés et sa technique absolument bluffante, c’est parce que rien n’a été laissé au hasard. Tout a été méticuleusement pensé et millimétré. Une fois le rideau tombé, difficile de ne pas avoir immédiatement envie de comprendre comment le tout a été monté. Car en réalité, le dispositif de mise en scène, est certes un plan séquence de deux heures qui condensent 24 heures d'action, mais c’est un plan-séquence factice. Les néophytes n’y auront certainement vu que du feu ou plutôt une prise de vue unique et continue qui ne cligne jamais des yeux, mais les spectateurs un poil cinéphile, auront certainement repéré les trucages et les points de montages rendus possibles à travers des raccords numériques. Un procédé censé susciter chez le spectateur un sentiment immersif, rendu également possible par un process d’écriture scénaristique singulier “Si je voulais concevoir un film en un plan-séquence, je devais être l’auteur du scénario», a expliqué le réalisateur au magazine Première avant de préciser « J’ai écrit le film (avec Krysty Wilson-Cairns) tel qu’il devait être tourné. Je le réalisais en même temps que je l’écrivais ». Un film qui s’inspire des récits de la Grande Guerre que le grand-père de Sam Mendes lui racontait, enfant. Dédié à sa mémoire, il raconte Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, qui se voient assigner une mission impossible : porter un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake. Une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.
Fort de ses succès avec James Bond, Sam Mendes qui a obtenu d'Universal un gros budget de près de 100 millions de dollars, tenait particulièrement à cet aspect de la mise en scène. Le cinéaste aux cinq Oscars, dont celui du meilleur réalisateur et celui du meilleur film pour American Beauty, a avoué que c’était en tournant la scène d'ouverture du James Bond Spectre, déjà un plan de séquence de plusieurs minutes, qu’il avait eu l’idée de réaliser un film en plan unique. Exit les champ-contrechamp ou encore les coupes ellipses temporelles.
Il y a quelques temps, Sam Mendes comparait 1917 à du théâtre. Un exercice exigeant à la fois pour le réalisateur et ses acteurs « Nous avons dû faire chaque partie du parcours avec les acteurs avant de mettre en place le plateau. Nous devions connaître la distance exacte nécessaire pour chaque scène » confiait-il à l’AFP afin d’expliquer comment et pourquoi ce torrent visuel ne souffre d’aucune approximation, avec pour point d’orgue, cette scène saisissante dans les décombres d’une cité en ruines, avec pour éclairage, les lueurs intermittentes de déflagrations réfléchis dans un ciel nocturne. Un moment gravé à jamais dans nos mémoires. Il nous permet également de mettre en avant avec insistance la contribution essentielle de Roger Deakins, le directeur photo. Un ponte en la matière. Complice de Sam Mendes depuis belle lurette, Deakins a su envelopper le film dans des atmosphères lumineuses toutes plus belles les unes que les autres, passant aisément d’une aube bucolique à un crépuscule sinistre.
Il y a quelques temps, la victoire aux Golden Globes de 1917 comme meilleur drame devant The Irishman et Marriage Story a créé la surprise. La technique y est pour beaucoup, mais pas que. La bande son que l’on doit à Thomas Newman, avec toujours en arrière-plan cette rumeur guerrière qui couve ou qui explose, ainsi que la musique qui embrasse parfaitement la teneur dramatique de l’instant n’est pas étrangère au succès du film, tout comme la prestation de George MacKay dans le rôle du caporal Schofield. Bref, vous devez voir 1917 même si vous n’aimez pas les films de guerre, à moins que vous ayez peur qu’il détrône le Soldat Rayan dans vos cœurs.