17ème Salon international de l’édition et du livre : Un SIEL aux couleurs italiennes


ALAIN BOUITHY ET L.B
Vendredi 4 Février 2011

17ème Salon international de l’édition et du livre : Un SIEL aux couleurs italiennes
Dans dix jours, les Casablancais retrouveront les stands meublés de livres, BD, produits multimédias et les dernières nouveautés des maisons d’édition, à l’occasion du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) dont le coup d’envoi sera donné vendredi 11 février courant, à l’Office des foires et expositions de Casablanca.
Neuf jours durant, le rendez-vous du livre et de l’édition proposera au public curieux et amateur de lecture une diversité d’œuvres éditées ces dernières années au Maroc comme à l’étranger. Avec un regard particulier sur l’Italie, pays invité d’honneur de cette édition.
Des conférences, débats, dédicaces, lectures de poésies, animations jeunesse et soirées à thèmes figurent au programme de ce grand rendez-vous qui vise à promouvoir le livre marocain autant que la lecture en général.
“Littératures - Migrations - Méditerranée” est le thème de ce 17ème SIEL que certains intellectuels marocains menacent de boycotter. Et pour cause : «notre appel au boycott de toutes les  activités organisées par le ministère de tutelle et de ne pas se porter candidat au Prix du livre survient après avoir épuisé toutes les initiatives que nous avons proposées et menées, et ce depuis février dernier, en compagnie d’autres intellectuels de tout le pays, pour l’ouverture d’un dialogue sérieux et responsable », justifie le président de l’Observatoire marocain de la culture, Chouaib Halifi.  
Selon ce dernier, « le ministère de la Culture actuel n’accorde pas l’intérêt et l’importance qu’il faut à ce secteur tant avec sa relation avec le développement ou la situation morale de l’intellectuel marocain. Pire, les intellectuels sont victimes de marginalisation et d’exclusion systématique à travers des manifestations qui n’ont rien avoir avec notre culture », nous a-t-il confié.
Au département de la Culture, c’est plutôt la sérénité qui semble prévaloir. A quelques jours de l’ouverture du Salon, on évoque plutôt un malentendu colporté dans certains médias nationaux. Et qui, se rassure-t-on, ne devait pas avoir l’impact que voudraient ses initiateurs sur le salon.
D’après un responsable du ministère, contacté par nos soins, il n’y aurait véritablement pas un problème de nature à perturber le bon déroulement de cette édition. Explications : « les choses avancent telles que nous l’avions souhaité. A l’instar de la précédente édition, cette année sera marquée par la participation de grandes figures du monde littéraire, à l’ouverture comme durant le déroulement du salon », nous confie-t-on avec assurance.
S’agissant des menaces de boycott proférées par certains intellectuels, voici ce qu’on en pense au Département : « Il y a des gens qui veulent contester la situation du livre au Maroc. Ce qui est de leur droit. Nous respectons leurs opinions quand bien même ils ne représenteraient qu’une infime partie. Cependant, il est important que l’on sache que le ministère ne peut travailler qu’avec les outils dont il dispose. Le budget de la Culture est des plus modestes par rapport à bien de pays, ce que nous essayons de combler grâce à des partenariats noués avec diverses institutions », explique-t-on.
Mais à croire Chouaib Halifi, la menace de boycott n’est pas à prendre à la légère. D’autant que «notre appel a trouvé écho auprès de nombre d’intellectuels qui nous ont confirmé leur boycott du 17ème Salon et qu’ils ne se présenteront pas au concours du Prix du livre. Preuve en est, le maigre nombre des livres (81) postulant à ce prix, au moment où le nombre des publications en 2010 à caractère culturel est de 2020 », a-t-il tenu à préciser.
Une démarche que n’approuve pas Driss Meliani, poète et président de la Commission poésie du jury du Prix du livre, qui entend participer à ce Salon. « Je suis contre la politique de la  chaise vide et le boycott ». Et en tant que responsable au sein du Parti du progrès et du socialisme (PPS) qui est au gouvernement, « il est de mon devoir de participer en vue de réussir la chose culturelle et la placer au centre des intérêts et priorités du gouvernement », nous a-t-il déclaré.
«Ceci ne veut aucunement dire que tout marche à merveille.  Les intellectuels, l’Union des écrivains du Maroc, la Maison de la poésie (Bayt Chiir) sont appelés à déployer davantage d’efforts et de mener des batailles sans relâche pour parvenir à réaliser leurs attentes », a-t-il ajouté.
Pour rappel, l’année dernière, des problèmes liés aux émoluments des intellectuels participant au Salon (une prime de 1000 DH octroyée à ces derniers pour diverses prestations) avaient failli jeter l’opprobre sur cette grand-messe du livre.
Ce problème serait aujourd’hui réglé, selon M. Bachir Znagui, conseiller auprès du ministère de la Culture. Explications : « Cette année, nous avons clarifié cette situation afin d’éviter tout malentendu. Tout le monde a été prévenu sur ce qu’il va toucher ou pas. Certes des débats et des déconvenues peuvent toujours survenir, mais nous avons pris nos dispositions pour que tout se passe bien. Car, c’est une affaire de respect et de dignité. Ceux qui ne travaillent pas ne doivent pas être exigeants », a-t-il lancé. Et d’ajouter : « Notre consigne, c’est de ne pas donner d’intérêt à ce qui se dit. Ce qui importe, c’est que cette édition soit une grande réussite ».
Pour conclure, Driss Meliani estime pour sa part que «nos intellectuels qui n’ont eu de cesse d’appeler à des valeurs suprêmes telles la justice, la démocratie, etc.,  doivent les appliquer, eux-mêmes, dans le domaine culturel ».
Quoi  qu’en pensent les uns et les autres, il est toujours du temps que les problèmes persistants ou malentendus soient définitivement résolus ou dissipés, afin que le SIEL se déroule dans de meilleures conditions. Ce soir, le ministère de la Culture animera une conférence au cours de laquelle seront évoquées les diverses questions en rapport avec le Salon. Et sans doute des sujets qui fâchent. 


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