Treize personnes, dont deux civils, ont été tuées dans des affrontements entre ex-rebelles Séléka, majoritairement musulmans, et milices chrétiennes anti-balaka à Kaga Bandoro, à 300 km au nord de Bangui, a-t-on appris jeudi auprès de la Force africaine Misca.
«De violents affrontements ont éclaté mardi dans le centre de Kaga Bandoro, entre les ex-Séléka et les anti-balaka (...) Treize personnes parmi lesquelles deux civils ont été tuées, et plusieurs autres blessées», a affirmé à l’AFP un officier de la Misca, sous couvert d’anonymat.
«Tout est parti d’une attaque des anti-balaka contre les ex-Séléka, à la suite d’une tentative de vol», a-t-il expliqué. «Ces affrontements ont donné lieu à des actes de pillages de part et d’autre, et de nombreuses maisons ont été incendiées par les deux camps. Des centaines de personnes se sont réfugiées à l’église catholique», qui accueille désormais près de 13.000 personnes, a ajouté cet officier.
L’officier a indiqué que les deux groupes ennemis «ont des effectifs de plusieurs centaines d’individus» chacun. «L’effectif des éléments de la force africaine à Kaga Bandoro ne permet pas une interposition, mais nous essayons de faire le maximum pour éviter le pire à la population», a-t-il assuré.
Les ex-Séléka «ne cessent de venir à la paroisse pour exiger que les anti-balaka qui y ont trouvé refuge sortent. Autrement, ils vont entrer les chercher ou bien tirer sur tout le monde. Nous avons peur, et nous sommes très inquiets», a confié à l’AFP Suzanne Boïmandja, une habitante réfugiée dans l’église.
Depuis la prise de pouvoir de la rébellion Séléka en mars 2013, renversée en janvier 2014, la Centrafrique vit une crise sans précédent, rythmée par les exactions de l’ex-rébellion de la majorité musulmane en déroute, et celles des milices majoritairement chrétiennes anti-balaka.
La région Nord est l’une des plus sensibles du pays depuis plusieurs semaines, au cours desquelles de nombreux villages ont été attaqués, ainsi qu’un hôpital géré par l’ONG Médecins sans frontières la semaine dernière.
Les journalistes centrafricains ont décrété mercredi «journée sans journaux» et organisé une marche pacifique à Bangui pour protester contre l’assassinat le 29 mai de deux des leurs, a constaté un correspondant de l’AFP.
Aucun titre n’a été publié mercredi et les radios privées comme d’Etat n’ont diffusé aucune information, à l’appel de l’Union des journalistes centrafricains (UJCA).
«Les journalistes centrafricains désapprouvent et dénoncent avec la dernière énergie l’assassinat odieux de nos confrères Désiré Sayenga et René Padou», a déclaré le président de l’UJCA Maka Gbossokotto, rendant «responsables et complices le gouvernement de transition et la communauté internationale».