Au moins dix personnes sont mortes mardi dans un double attentat contre un marché de l'est de l'Irak, a indiqué un colonel de police à la veille des élections législatives.
Les deux bombes ont explosé vers 10H00 locales (07H00 GMT) à Saadiyah, près de la ville de Khanaqin, où 30 personnes sont mortes dans un attentat suicide lundi.
Saadiyah est située dans une zone disputée, la région autonome du Kurdistan irakien voulant l'intégrer à son territoire, ce que le pouvoir central à Bagdad refuse catégoriquement.
Les insurgés profitent régulièrement du manque de communication entre forces de sécurité kurdes et arabes dans ces régions pour mener des attaques.
Cet attentat intervient à la veille des élections législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines du pays fin 2011. Le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, brigue un troisième mandat.
Le scrutin se tient dans un pays pris depuis plusieurs mois dans une spirale de violences que nul ne parvient à juguler. Près de 3.000 personnes sont mortes dans des attaques depuis le début de l'année.
Lundi seulement, au moins 57 personnes ont péri dans une série d'attentats visant notamment les forces de sécurité, qui votaient deux jours avant le reste de l'Irak, afin de pouvoir surveiller le scrutin.
A l’occasion des législatives qui auront lieu aujourd’hui, les Kurdes irakiens, qui rêvent d'indépendance, espèrent la défaite du Premier ministre Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 et candidat à un troisième mandat. De nombreux différends opposent M. Maliki, un chiite, à la région autonome du Kurdistan. Ces désaccords qui portent principalement sur le pétrole, les enjeux territoriaux et la répartition du pouvoir, font du Premier ministre la bête noire des Kurdes.
"Sa politique contre les Kurdes est mauvaise", explique Mohsen, 38 ans, entre deux coups de plumeaux pour dépoussiérer son stand de lunettes de soleil à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. Le commerçant voudrait un Premier ministre "qui traite toutes les communautés de la même façon".
Les politiciens kurdes se plaignent depuis longtemps de ne pas recevoir les 17% du budget fédéral qui leur sont normalement alloués, et accusent Bagdad de payer en retard l'argent qu'il veut bien leur verser, blâmant le gouvernement fédéral pour les difficultés budgétaires et les retards dans le paiement des salaires.
Massoud Barzani, le président du Kurdistan qui a pourtant soutenu le Premier ministre en 2010, accuse aujourd'hui M. Maliki de monopoliser le pouvoir, et a appelé à sa démission.