​Sanaa Aakroud : Je ne me laisserai pas dicter mes choix d’artiste par qui que ce soit

​Les gens qui la reconnaissent dans la rue l’appellent tantôt «Rommana», tantôt «Aouicha Douiba». C’est dire à quel point cette comédienne est capable de s’approprier dans les différents rôles qu’elle incarne.

Lundi 3 Juin 2019

 Libé: Certains de vos rôles, comme «Aouicha Douiba» et «Rommana» ont été très bien accueillis par le public. Quelles sont les véritables raisons de ce succès d’après vous ?      
Sanaa Aakroud: Ce sont là des expériences qui ont été vraiment édifiantes pour moi. Je les ai  vécues avec beaucoup d’entrain. Je faisais quelque chose que j’aimais et cela était tout à fait exaltant. Mais il faut dire qu’il y avait aussi une certaine souffrance, car la tâche était assez éprouvante.  Mais qu’importe, puisque le succès était au rendez-vous. 
Quant aux raisons de ce succès, elles sont nombreuses. Il y a d’abord le scénario, qui est bien ficelé. Il y a aussi l’histoire qui est assez simple, sans être simpliste. Et, bien sûr, l’intrigue qui tient le téléspectateur en éveil, en stimulant sa curiosité. Et en lui procurant un certain plaisir.  Ce qui est primordial pour le succès dans ce domaine.  Mais n’oublions pas le jeu des comédiens, non plus. Car si ces comédiens sont limités dans leur interprétation, le film sera certainement voué à l’échec, quelle que soit la qualité de l’histoire ou celle du scénario.   
Disons que l’histoire gagne aussi à être puisée notre patrimoine national. Quoiqu’il ne suffise pas d’avoir recours à ce patrimoine pour garantir le succès de tel ou tel film. L’essentiel c’est de savoir toucher la sensibilité du téléspectateur.    Et puis il va sans dire que le rôle du metteur en scène reste prédominant, dans toutes les étapes de la réalisation. 
Vous avez également participé à un film égyptien «Ihki ya chahrazad» où vous avez tourné des scènes assez osées. Ce qui a suscité un certain mécontentement du public. 
Ecoutez, je suis d’abord et avant tout comédienne. Et si on vient demain me proposer des scènes semblables à celles que vous  évoquez, je n’hésiterai pas à les tourner. A condition que cela cadre bien avec l’histoire et le scénario. Il faut noter, à cet égard, qu’il y a un certain amalgame, dans les esprits, entre ce qui  relève de l’art et ce qui se rapporte aux mœurs. Et ce n’est pas à moi, comédienne,  de corriger cet amalgame. Je dis seulement que je ne me laisserai pas dicter mes choix d’artiste par qui que ce soit. J’ai choisi de mon plein gré d’être comédienne  et je compte également choisir de mon plein gré les rôles que je dois incarner. Comme je l’ai toujours fait d’ailleurs, par le passé. 
 Vous êtes bien en vue dans certaines affiches publicitaires. On vous voit également dans des spots à la télé. 
Cela fait quelques années que je fais des spots publicitaires. J’en ai tellement fait, qu’il me semble parfois que c’est justement ça qui m’a fait connaître auprès d’un large public. Je ne pense pas, par ailleurs, que ce genre d’activité soit vraiment nuisible à l’image de l’artiste. Bien au contraire, car ces spots publicitaires viennent souvent à point nommé pour tirer le comédien d’une situation financière délicate. Et cela vaut peut-être mieux pour lui que d’accepter des rôles étriqués dans des séries médiocres. 
Certains esprits chagrins prétendent que les comédiens marocains gagnent de très grosses sommes grâce à la publicité. Ceci est archi-faux. En tout cas, ces sommes n’ont absolument rien de comparable avec celles empochées par certains artistes que l’on fait venir de l’étranger.   
Quelle est votre appréciation des sitcoms et des séries télé marocaines qui ont été proposées par les chaînes nationales durant le mois sacré? 
Je ne peux répondre de manière tranchée à cette question. Les comédiens qui ont participé à ces séries sont des collègues. Certains d’entre eux sont même des amis. Mais force est de constater que beaucoup de séries et de sitcoms marocaines sont plutôt décevantes. Au même titre que certaines séries égyptiennes ou syriennes, par ailleurs. 
Mais je ne crie pas au scandale, comme d’autres l’ont fait. Je dis seulement que les comédiens sont bien obligés de gagner leur pain. Ils ne peuvent tout de même pas rester sans rien faire, en attendant des rôles spécialement faits pour eux. Et puis il faut bien garder à l’esprit que le comédien n’est qu’un simple exécutant. 
C’est le metteur en scène qui  l’encadre et le dirige. Mais paradoxalement, c’est  toujours ce comédien qui paye les pots cassés. On fait de lui un bouc émissaire. On l’accuse à tort d’être responsable de cette situation déplorable. Rappelez-vous par exemple la série «Omar Ibn Alkhattab». Certains acteurs marocains qui participent dans cette série colossale ont vraiment été à la hauteur. La raison est toute simple, c’est qu’ils ont trouvé toutes les conditions propices pour s’épanouir. Ce qui est loin d’être le cas quand ils jouent ici au Maroc.   
 

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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