​Recrudescence : Et si on en dénombrait les causes ?


Chady Chaabi
Lundi 17 Août 2020

Le piège était aussi visible que le nez au milieu de la figure. Pourtant, les citoyennes et citoyens s’y sont précipités d’une manière mêlant inconscience et irresponsabilité. Et le gouvernement n’est pas exempt de toute responsabilité. Certes, l’Exécutif a interdit les déplacements pour fêter l’Aïd Al Adha, mais la décision n’a pas été suivie d’un contrôle drastique. Le nombre de personnes passant entre les mailles flasques du filet fut effarant. Malheureusement, deux semaines plus tard, soit le temps d’évaluer les développements de la situation épidémiologique, le retour de bâton a frappé certaines villes de plein fouet. 
A commencer par Béni Mellal. La charmante ville, porte du Moyen Atlas, prend place pour la première fois sur la dernière marche du podium des cités les plus touchées par le Covid-19, si l’on en croit Mouad Mrabet, coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé. Sur les 1.776 nouveaux cas recensés sur tout le territoire, un record en soi, 180 cas ont été découverts dans la région de Béni Mellal-Khénifra dont 98 à Béni Mellal uniquement dimanche (18h). Ayant des atomes crochus avec la ville en question, nous avons été horrifiés à l’époque, au su des conditions somme toute normales dans lesquelles se sont déroulées les festivités de l’Aïd. Comme de coutume, des dizaines de personnes ont rendu visite à leurs familles, comme si de rien n’était. Comme si ce n’était pas interdit. 
Aujourd’hui, l’heure est grave. La recrudescence des cas dans la région de Béni Mellal-Khénifra est inquiétante. Est-ce que le scénario se répétera dans les prochains jours à Drâa-Tafilalet (+51 cas) dans l’Oriental (+40) et à Sous-Massa (+33) ? On ne le souhaite pas, mais l’histoire en prend le chemin et nous rappelle que le pays a fait un voire deux pas en arrière dans la gestion de l’épidémie. Nous sommes clairement au bord d’un dangereux précipice, avec des décès qui se comptent par vingtaines depuis une semaine. Dimanche encore, 21 personnes ont perdu la vie. Mais cela n’a pas l’air d’émouvoir outre mesure une population qui continue à se voiler la face au mépris des mesures sanitaires et gestes barrières. A force de le répéter, nous avons la fâcheuse impression de verser de l’eau dans du sable. 
L’Exécutif aussi. Du coup, sans surprise, les autorités ont décidé de revenir aux recettes utilisées en début d’épidémie. Outre l’interdiction de diffusion des matchs dans les cafés, plusieurs quartiers de Casablanca ont été bouclés. Après Hay Mohammadi, la capitale économique aux 651 nouveaux cas recensés dimanche (18h), a vu son ancienne Médina mise en quarantaine et notamment le Bd Taher El Alaoui, les rues Abderrahmane El Mkhanet et Mouha Ou Said. Sans oublier Bab Marrakech, Bab Jdid, Sour Jdid et Tnaker. De plus, plusieurs patrouilles mixtes ont été instaurées sur des barrages destinés à filtrer les accès de Marché central, le marché de Benjdia et le marché Chaouia. Le même procédé a été mis en place à Marrakech, dans les zones de Sidi Youssef Ben Ali, Hay Hassani, Hay Mohammadi, M’hamid, Menara, Jemaa El Fna et de Kechich. Des contrôles intensifiés y sont opérés comme la fermeture partielle ou totale de certains quartiers et des cafés et restaurants à partir de 22h00. 
Quand bien même il est douloureux de se reconfiner, à la lumière de l’évolution négative de l’épidémie, c’est un mal pour un bien. D’autant que les services de réanimation dans les métropoles du Royaume sont au bord de l’asphyxie. Sur les 11.819 cas actifs, 154 sont pris en charge dans les unités de réanimation et de soins intensifs, dont 71 sont mis sous respiration artificielle. Et au rythme où vont les choses, la situation empirera fort probablement. Alors que faire ? Continuer à mépriser le nouveau coronavirus quitte à vivre un scénario catastrophe à l’européenne ? Ou bien allons-nous prendre nos responsabilités à bras-le-corps et tout faire pour arrêter la propagation du Sars-Cov2 ? Notre destin est entre nos mains. Plus vite on adapte nos vies au virus, plus vite il tombera dans les oubliettes pour nous permettre de retrouver nos vies d’antan.  



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