Le chef d’oeuvre de la romancière américaine Margaret Mitchell, “Autant en emporte le vent”, publié en français en 1939, la même année que la sortie du film éponyme aux 10 Oscars, est paru jeudi dernier pour la première fois dans une nouvelle traduction. Publiée en deux volumes (720 pages chacun), en format poche, aux éditions Gallmeister, cette nouvelle version a nécessité un an de travail et de recherches de la part de la traductrice Josette Chicheportiche qui a eu la difficile tâche de revisiter une oeuvre, superbe et flamboyante, mais aussi terriblement datée et scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste. Fresque intemporelle sur l’amour et la guerre, “Autant en emporte le vent” raconte l’histoire de Scarlett O’Hara, fille de riches propriétaires sudistes, qui va voir son monde s’effondrer avec la guerre de Sécession. Réfugiée à Atlanta à la suite d’un chagrin d’amour, elle y croisera l’aventurier Rhett Butler, avec qui elle partagera une passion tragique... Dans la version française éditée depuis 1939 par Gallimard, le traducteur “historique” de Margaret Mitchell, Pierre-François Caillé (1907-1979) avait choisi de faire parler les Noirs de la plantation de façon caricaturale remplaçant notamment les sons “r” par une apostrophe. “C’est-y la bonne de vot’enfant? Ma’ame Sca’lett, elle est t’op jeune pou’ s’occuper du fils de missié Cha’les!”, dit ainsi un personnage noir dans la version de 1939. Sous la plume de Josette Chicheportiche cela devient: “C’est la nurse de vot’enfant? Ma’ame Scarlett, l’est trop jeune pour s’occuper du seul bébé de m’sieur Charles!”. “Bien qu’étant indéniablement un produit de son temps, au même titre que le roman”, la traduction de Pierre-François Caillé “continue de ravir par son charme et d’impressionner par sa rigueur”, soutient Gallimard qui a détenu les droits exclusifs du livre jusqu’au 1er janvier, avant que le roman tombe dans le domaine public.