
Responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats ou avocats: quelque 80 personnes ont été conviées à ce "Grenelle" sur les violences conjugales. Une référence à la rue de Grenelle, à Paris, où s'étaient déroulées de vastes négociations salariales lors du mouvement de mai 1968. Pour tenter d'enrayer un fléau qui a déjà fait plus de 100 morts depuis le début de l'année selon un collectif militant - contre 121 sur l'ensemble de 2018 d'après un décompte officiel -, le Premier ministre a annoncé la création à partir de début 2020 de 250 nouvelles places d'hébergement d'urgence pour les femmes ayant fui le domicile conjugal et de 750 autres destinées à un relogement temporaire - une mesure chiffrée à cinq millions d'euros.
Le gouvernement va en outre identifier, au sein des tribunaux, des "procureurs référents spécialisés" et expérimenter des chambres d'urgence "pour que les dossiers soient traités en 15 jours". Les victimes pourront également systématiquement porter plainte à l'hôpital. Ces premières annonces ne constituent "pas un départ énorme, mais ça reste un départ avec quelques bonnes pistes et quelques déceptions", a commenté Anne-Cécile Mailfert, de la Fondation des femmes. Le Premier ministre "a évacué de manière un peu rapide la question des moyens", a-t-elle ironisé. "Il n'y a pas de moyens annoncés, donc franchement les annonces elles sont décevantes", a renchéri Caroline De Haas, du collectif #NousToutes. Les associations féministes réclament un "plan Marshall" passant par 2.000 nouvelles places d'hébergement, et doté d'"au moins" 500 millions, voire un milliard d'euros - loin des 79 millions d'euros de crédits jusqu'alors alloués à cette lutte, selon une étude menée par cinq organisations. Elles préconisent également de mieux former les policiers et gendarmes appelés à recueillir les plaintes des femmes victimes, afin d'éviter que celles-ci se voient éconduire ou répondre que porter plainte "ne sert à rien". "Confiantes", les associations se veulent également "vigilantes", notamment face au risque que l'événement se résume à une "opération de communication de la part du gouvernement".
"Ma demande, c'est que tout ce qui va être décidé soit fait demain, car demain c'est une personne de plus qui risque de mourir", a dit au Premier ministre Lucien Douib, dont la fille Julie a été tuée début mars par son ex-conjoint. Les conclusions de la concertation doivent être annoncées le 25 novembre, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.