​Avec “WAP”, tube le plus osé de l’été, Cardi B fait polémique

Vendredi 28 Août 2020

Une ode au désir féminin et à la débauche, accompagnée d’images défiant les règles habituelles de la décence: “WAP”, clip de la rappeuse Cardi B en collaboration avec Megan Thee Stallion, est devenu l’un des tubes de l’été, au grand dam des conservateurs américains. La plupart des paroles de ce morceau - y compris son titre - sont intraduisibles sans risquer de verser dans l’obscénité.
Musicalement, la chanson sortie mi-août est assez basique, bâtie autour d’un air contagieux apparu dans les années 1990 dans une boîte de nuit de Baltimore, “Whores in this house”, de Frank Ski. Mais Cardi B, 27 ans, ancienne stripteaseuse originaire du Bronx, et Megan Thee Stallion, 25 ans, originaire du Texas, prennent un malin plaisir à marteler les paroles les plus osées. Et dans la vidéo, les deux rappeuses déambulent en talons aiguille et bodys on ne peut plus déshabillés, dans une riche demeure aux couleurs pastel où se succèdent félins, insinuations sexuelles et formes généreuses.
Beaucoup de critiques ont été louangeuses, alors que le tube devenait viral sur le réseau TikTok. Mais à l’approche de la présidentielle américaine, des voix conservatrices ont crié au scandale. “WAP (que j’ai entendu par hasard) m’a donné envie de me verser de l’eau bénite dans les oreilles”, a tweeté James Bradley, républicain de Los Angeles qui briguera le 3 novembre un siège à la Chambre des représentants. Ben Shapiro, éminent éditorialiste conservateur, a lui dénoncé la vidéo comme une régression pour le mouvement féministe, ce qui lui a valu de nombreuses moqueries.
Tout cela n’a fait que doper le succès de “WAP”. “Ils parlent, ils parlent et les chiffres augmentent”, déclarait récemment Cardi B, une fan du socialiste Bernie Sanders qui soutient désormais le démocrate Joe Biden pour la présidentielle.
Certains sur les réseaux sociaux ont fait remarquer que les mêmes conservateurs soutenaient un président, Donald Trump, qui s’exprime en des termes tout aussi vulgaires. Pour Sherri Williams, spécialiste des médias à l’American University de Washington, les critiques étaient prévisibles.
“Le patriarcat punit toujours les femmes qui parlent de leurs expériences sexuelles”, explique-t-elle à l’AFP. “Une femme victime d’agression sexuelle se voit reprocher son comportement ou sa tenue. Une femme qui parle de plaisir sexuel est immorale”. L’hypocrisie va encore plus loin, selon l’universitaire, quand on considère que les deux rappeuses sont noires, et que les femmes noires ont longtemps été traitées comme des marchandises, comme esclaves ou comme cobayes de recherches gynécologiques. La vidéo va aussi à l’encontre de l’idée que le féminisme appartient avant tout aux “femmes blanches aisées”, souligne Sherri Williams.


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