
Après cinq jours d'une offensive appuyée par les frappes aériennes de la coalition antijihadistes dirigée par les Etats-Unis et des groupes rebelles syriens, les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont pris le contrôle de la ville à l'aube, après des combats qui ont fait fuir des milliers d'habitants.
Tall Abyad était l'un des deux principaux points de passage empruntés par l'EI, pour le transit des armes et des combattants, en dépit de leur fermeture par la Turquie. Sur cette frontière, il ne lui reste plus que celui de Jarablos, dans la province septentrionale d'Alep (nord), ainsi que des chemins secondaires.
La ville est désormais "entièrement sous le contrôle des combattants kurdes", a affirmé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, un responsable kurde, Ahmed Seyxo, précisant à l'AFP que "l'EI s'était retiré sans opposer beaucoup de résistance".
Tall Abyad était une ville clé pour l'approvisionnement de Raqa (86 km plus au sud), devenue le fief du groupe et capitale de facto de son "califat" autoproclamé depuis qu'il s'en est emparé en janvier 2014. L'EI contrôle selon l'OSDH 50% de la Syrie, ainsi que de vastes régions de l'Irak voisin.
Les forces kurdes "contrôlent désormais 400 km de frontière avec la Turquie allant de (Kobané) dans la province d'Alep jusqu'à la frontière irakienne" à l'est, selon Rami Abdel Rahmane.
Cette progression des forces kurdes a suscité les craintes de la Turquie, qui redoute notamment qu'à l'instar des Kurdes d'Irak, ceux de Syrie ne constituent un territoire autonome le long de la frontière turque.
Cette bataille a provoqué depuis début juin l'exode de plus de 23.000 personnes vers la Turquie voisine, selon des chiffres du gouvernement turc.
Des premiers réfugiés ayant fui les combats pour le contrôle de la ville ont commencé mercredi à repasser la frontière pour regagner leur pays, a constaté une journaliste de l'AFP.
En début de matinée de mercredi, quelque 200 hommes, femmes et enfants, chargés de leurs maigres baluchons, se pressaient sous le soleil devant le poste-frontière d'Akçakale (sud), rouvert par les forces de sécurité turques, selon la même source.
La Syrie est ravagée depuis plus de quatre ans par un conflit complexe impliquant régime, rebelles, Kurdes et jihadistes qui a fait plus de 230.000 morts.
Mardi des raids aériens du régime tuaient 16 personnes dont 13 enfants dans la province de Deraa (sud), selon l'OSDH. Ces raids ont touché une école coranique. Malgré les condamnations de l'ONU, le régime syrien a intensifié ces dernières semaines sa campagne de raids aériens meurtriers.
Une alliance de rebelles opérant justement dans le Sud syrien a annoncé mercredi le lancement d'une offensive d'envergure pour prendre les dernières positions encore tenues par l'armée gouvernementale dans la province de Kouneitra, voisine du plateau du Golan occupé par Israël. Le sud de la Syrie, proche de la frontière avec Israël et la Jordanie, est l'une des régions du pays où les insurgés ont infligé d'importantes défaites aux forces du président Bachar Al Assad au cours des trois derniers mois.
C'est aussi l'un des derniers fiefs de l'opposition armée non islamiste, même si des groupes comme le Front Al-nosra, y sont également présents.