
L'armée ukrainienne, qui a perdu Debaltseve depuis l'entrée en vigueur théorique de la trêve, dit toutefois craindre une offensive des rebelles à Marioupol, dernière grande ville contrôlée par Kiev dans la région du Donbass, que le Kremlin qualifie désormais de "Nouvelle Russie".
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a reçu mardi ses homologues ukrainien, russe et allemand, a déclaré mercredi avoir prévenu la Russie qu'elle s'exposerait à de nouvelles sanctions de l'Union européenne si Marioupol était attaquée.
Les signes d'apaisement à l'Est n'ont pour le moment pas profité à la monnaie ukrainienne, la hryvnia, nouvelle source d'inquiétude pour une économie au bord de la banqueroute.
Dans l'est du pays, les rebelles assurent vouloir respecter la trêve depuis la conquête de Debaltseve. L'un de leurs chefs, Edouard Bassourine, a affiché mardi sa détermination à contrôler la totalité des provinces de Louhansk et Donetsk, dont Marioupol, mais par le biais de "négociations avec l'Ukraine".
Des journalistes de Reuters sur le terrain ont constaté qu'un certain nombre d'armes lourdes, dont plusieurs dizaines d'obusiers, avaient été retirées de la ligne de front mardi et mercredi, notamment dans les environs de la ville de Makiyvka, proche de Donetsk.
L'armée ukrainienne a néanmoins reconnu mercredi matin que le nombre de violations du cessez-le-feu avait "diminué de manière significative" pour la seconde nuit consécutive et que les 24 dernières heures avaient été les plus calmes depuis la signature des accords de Minsk le 12 février.
Aucun incident n'a été signalé à proximité immédiate de Donetsk, Louhansk et Marioupol, a-t-elle précisé, alors que les rebelles y avaient tiré au canon et au mortier à quinze reprises la veille.
Les pays occidentaux pensent qu'en renforçant la continuité du territoire rebelle, la prise de Debaltseve pourrait avoir donné satisfaction à Vladimir Poutine, dont l'objectif est selon eux d'instaurer un "conflit gelé", comme en Géorgie et en Moldavie, où Moscou soutient des "républiques" séparatistes échappant au contrôle du pouvoir central.
La mise en œuvre du cessez-le-feu et le gel des positions pourraient de ce point de vue satisfaire les ambitions du Kremlin. Les armes s'étant presque tues dans le Donbass, le conflit entre la Russie et l'Ukraine est cependant déjà revenu sur un autre terrain, celui des livraisons de gaz naturel.
Kiev a accusé mardi Moscou de ne pas lui avoir livré tout le gaz prépayé et a donc suspendu ses versements. La Russie a riposté en menaçant d'interrompre à nouveau ses livraisons.