
Ce premier tête à tête depuis trois ans entre les deux candidats rivaux du second tour de la présidentielle de 2010 était prévu vendredi à 10H00 (locales et GMT) au palais présidentiel, à l'invitation de M. Condé, dans le but de renouer le dialogue après plus d'un mois de bras de fer autour du calendrier électoral.
La présidence avait indiqué mercredi que cette rencontre, ainsi que d'autres du chef de l'Etat avec les diverses forces politiques, visait à "trouver un compromis" afin d'instaurer "un dialogue franc permettant d'aller aux élections dans un cadre consensuel".
"Compte tenu des violences et des exactions exercées par les forces de l'ordre sur les militants de l'opposition, des arrestations arbitraires - violences qui se sont traduites par mort d'homme, destruction de biens privés et de nombreux blessés par balle - je m'abstiens d'honorer ce rendez-vous", a déclaré à l'AFP le chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, sans exclure une rencontre ultérieure.
Citant également "la séquestration pendant toute la journée des principaux leaders de l'opposition et de leurs familles", il a expliqué souhaiter que "ce rendez-vous qui avait suscité beaucoup d'espoirs tant à l'intérieur de la Guinée qu'à l'extérieur, se tienne dans un contexte apaisé et serein, ce qui ne sera pas le cas demain".
Diallo avait accepté l'invitation, mais l'opposition avait maintenu ses appels à manifester jeudi à Conakry, et le 11 mai à l'échelle nationale. L'opposition guinéenne demande l'annulation du calendrier électoral qui renvoie les élections locales à 2016, après la présidentielle, dont le premier tour a été fixé au 11 octobre.
Après une journée "ville morte" à Conakry le 2 avril, suivie de manifestations interdites, l'opposition tente de mobiliser la rue dans toute la Guinée pour obtenir l'organisation du scrutin local avant la présidentielle.
Les heurts entre les partisans de l'opposition et les forces de l'ordre ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés.
L'opposition soupçonne le pouvoir de vouloir utiliser les exécutifs communaux désignés par lui, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005, pour orchestrer des fraudes, ce que dément catégoriquement Alpha Condé, assurant qu'ils ne joueront "aucun rôle" dans la présidentielle.
La journée de jeudi, marquée par de nouveaux heurts dans la capitale entre les forces de l'ordre et des jeunes, s'est soldée par six blessés (quatre civils et deux gendarmes) et 19 arrestations, selon le gouvernement, un mort et "au moins dix blessés", selon l'opposant Cellou Dalein Diallo.