
Réunis en sommet à Dar Es Salam, les chefs d'Etat de la région se sont abstenus d'évoquer la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat et se sont contentés d'appeler "à un long report des élections", censées se dérouler ce vendredi, "pas moins d'un mois et demi".
En Tanzanie, le sommet s'est déroulé en l'absence du principal intéressé: le président Pierre Nkurunziza, officiellement resté au Burundi pour y "faire campagne", mais surtout victime d'un coup d'Etat --finalement mis en échec-- le 13 mai alors qu'il participait, déjà à Dar Es Salam, à un premier sommet sur la crise burundaise.
Par ailleurs, les présidents ougandais, tanzanien, kényan et sud-africain, ainsi que la présidente de la Commission de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma, ont exigé de "toutes les parties burundaises qu'elles mettent fin aux violences".
Quelques heures après cette déclaration en provenance de Tanzanie, le gouvernement burundais "a accueilli positivement la proposition des chefs de l'Etat" sur le report des élections. Selon le calendrier officiel, des législatives et des communales sont prévues le 5 juin, suivies de la présidentielle le 26 juin, et de sénatoriales le 17 juillet.
Le porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba, a par ailleurs estimé que les chefs d'Etat est-africains n'avaient "pas discuté" de la question du troisième mandat "car elle relève de la souveraineté de chaque Etat". Il a par conséquent jugé "cette question vidée".
A Bujumbura, les opposants à un 3e mandat de Pierre Nkurunziza se disaient "déçus parce que le sommet n'a rien dit sur la question qui nous préoccupe". Autre grand absent, le président rwandais Paul Kagame, pourtant incontournable dans la région, et qui ne cache plus désormais son mécontentement croissant envers son homologue Nkurunziza.
Le Burundi est secoué par une grave crise politique depuis que le président Nkurunziza a annoncé il y a un mois son intention de se présenter à la présidentielle du 26 juin. Il fait face depuis lors à un vaste mouvement de contestation populaire à Bujumbura, où, malgré une sévère répression policière, les manifestations quotidiennes ne faiblissent pas.
Les protestataires jugent un troisième mandat anticonstitutionnel et contraire aux accords de paix d'Arusha qui avaient mis fin à la guerre civile (1993-2006). Les partisans du pouvoir estiment cette candidature légale, Nkurunziza n'ayant pas été élu pour accéder au pouvoir en 2005, mais désigné par le Parlement.