
Washington a toutefois assuré que sa stratégie “fonctionnait” et visait le long terme, répondant ainsi au scepticisme grandissant deux mois après le début de la campagne aérienne en Irak et trois semaines après son extension à la Syrie.
La coalition a augmenté le nombre de ses raids sur les positions de l’EI à Kobané, réussissant à freiner l’avancée des jihadistes, cibles de plus de 20 frappes en 48 heures, selon l’armée américaine.
Huit nouvelles frappes ont été menées ces dernières heures, a précisé mercredi matin l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
“La coalition frappe directement l’EI sur la ligne de front” pour forcer les jihadistes à abandonner leurs positions, a précisé l’ONG, confirmant que les frappes et la résistance de la principale milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), retardaient la chute de la ville aux mains de l’EI.
Au poste-frontière turc de Mursitpinar, à environ un kilomètre de Kobané, le bruit de tirs d’armes automatiques et d’obus était audible le matin, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les jihadistes contrôlent environ 50% de la troisième ville kurde de Syrie, à savoir des quartiers de l’ouest, de l’est, un quartier nord et une partie du centre. Ils cherchent à isoler la cité en prenant le nord pour l’assiéger totalement et bloquer l’accès des Kurdes à la Turquie.
En prenant Kobané, le groupe sunnite ultraradical responsable d’atrocités -viols, décapitations, rapts et persécutions- dans les zones sous son contrôle en Syrie et en Irak, veut s’assurer la maîtrise d’une longue bande continue de territoire à la frontière syro-turque.
Depuis le début le 16 septembre de l’offensive jihadiste pour prendre Kobané, près de 600 personnes, en majorité des combattants, ont péri selon l’OSDH, et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l’EI. En outre plus de 300.000 habitants ont fui, dont plus de 200.000 en Turquie et des milliers en Irak.
L’ONU a dit craindre un “massacre” dans Kobané, où sont coincés des centaines de civils en cas de chute de cette ville devenue le symbole de la résistance à l’EI.
Dans l’Irak voisin, et malgré le soutien aérien et l’aide des tribus locales, l’armée irakienne a perdu pied dans la province d’Al-Anbar à majorité sunnite contrôlée à 85% par l’EI selon le n2 du Conseil provincial.
Et depuis mardi, les jihadistes ont resserré l’étau autour d’Amriyat al-Fallouja, l’un des derniers fiefs de l’armée à Al-Anbar situé à une quarantaine de km à l’ouest de Bagdad. “Nous sommes quasiment assiégés”, a dit un responsable de la police.
“Jusqu’à maintenant nous tenons bons avec le soutien de combattants tribaux”, a-t-il ajouté. “Mais si Amriyat al-Fallouja tombe, la bataille se déplacera aux portes de Bagdad et Kerbala”, la ville sainte chiite au sud de la capitale irakienne.
“A Al-Anbar, la bataille est rude” face à des jihadistes qui se déplacent “librement”, a reconnu le colonel Steven Warren, un porte-parole du ministère américain de la Défense.
Avant de pouvoir parvenir à Bagdad, les jihadistes devront néanmoins encore s’emparer d’une large bande de territoire.