
Après un incroyable marathon de tractations de 18 mois entre Genève, Vienne, New York et Lausanne, et une dernière ligne droite de discussions ininterrompues pendant huit jours et nuits au bord du lac Léman, les négociateurs sont parvenus à s'entendre sur la majorité des points clés du dossier. "Une entente historique", a salué le président américain Barack Obama, qui, "si elle est pleinement appliquée, empêchera l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire".
Mais il a immédiatement souligné que l'accord final, censé être défini d'ici le 30 juin, ferait l'objet de "vérifications sans précédent" quant à son application. Si l'Iran triche, "le monde le saura", a lancé le président américain.
Le compromis obtenu, comme l'ont souligné les Occidentaux, ne marque toutefois pas la fin de l'histoire, car tous les détails techniques de ce dossier extraordinairement complexe devront être gravés dans le marbre d'ici trois mois.
Selon l'accord cadre, l'Iran a accepté de réduire des deux tiers le nombre de ses centrifugeuses, les machines servant à transformer l'uranium qui, enrichi à 90%, sert à la fabrication d'une bombe. L'Iran maintiendra près de 6000 centrifugeuses contre 10.000 en activité actuellement. A l'origine, la communauté internationale exigeait que l'Iran ne puisse en garder que quelques centaines.
Téhéran a également accepté de ne plus enrichir d'uranium pendant au moins 15 ans dans le site de Fordo, enfoui sous la montagne et de ce fait impossible à détruire par une action militaire. Le site exploitera un programme à des fins médicales.
Sur la très délicate question de la levée des sanctions, l'accord prévoit que les mesures unilatérales américaines et européennes seront suspendues dès que le respect de ses engagements par l'Iran aura été certifié par l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. Elles seront rétablies si l'accord n'est pas appliqué. Les résolutions de l'ONU seront levées dès que l'Iran respectera tous les points clés de l'accord.
Tout accord final devra être endossé par le Conseil de sécurité de l'ONU, a en outre souligné la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, qui a été au coeur des discussions à Lausanne. Autre acteur de la négociation, la Russie s'est félicité du compromis de Lausanne, estimant qu'il constituait une reconnaissance du droit "inconditionnel" de l'Iran à développer un programme civil.