
L'infatigable John Kerry, 71 ans, qui sillonne la planète depuis plus de deux ans, était justement à Genève ce week-end pour y rencontrer une nouvelle fois son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, avec l'espoir de boucler le 30 juin un accord historique sur le programme nucléaire de Téhéran.
Dans un tweet opportun, l'ancienne porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, aujourd'hui directrice de la communication de la Maison Blanche, a écrit dimanche soir qu'elle "aimerai(t) voir quiconque à l'hôpital (de Genève) tenter d'empêcher John Kerry de négocier et de travailler pendant qu'il se rétablit de sa jambe cassée".
Le ministre américain, grand sportif et cycliste confirmé, s'est brisé le fémur droit en tombant de vélo dimanche matin dans les Alpes françaises, près de Scionzier (Haute-Savoie, centre-est) alors qu'il s'apprêtait à s'attaquer au col de la Colombière, un grand classique du Tour de France.
Il a été évacué par hélicoptère vers l'hôpital universitaire de Genève où il a passé la journée de dimanche et la nuit. Il a pu ainsi s'entretenir avec le président Barack Obama. Le Boeing "Air Force 2" avec lequel Kerry enchaîne les tournées à l'étranger, a ramené dimanche soir à Washington une partie de son équipe et la presse accréditée. Des conseillers sont restés à Genève, d'autres l'attendent à Boston (Massachusetts, nord-est) où il doit être soigné par ses médecins.
Le département d'Etat n'a rien dit non plus sur le programme de son patron en convalescence, probablement pour les prochaines semaines. John Kerry a déjà dû renoncer dimanche à se rendre à Madrid pour une audience avec le roi d'Espagne Felipe VI, le Premier ministre Mariano Rajoy et son ministre des Affaires étrangères Manuel Garcia-Margallo.
Il était aussi attendu lundi et mardi à Paris pour une réunion ministérielle de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique en présence du Premier ministre irakien Haider al-Abadi et de ses homologues français et britannique, Laurent Fabius et Philip Hammond.
Il devrait toutefois s'y exprimer par téléphone et il y sera représenté par le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken.
A la veille de sa chute de vélo, M. Kerry avait mené avec l'Iranien Zarif d'"intenses" tractations sur le programme nucléaire de Téhéran. Les deux ministres affichent depuis des mois une certaine complicité, mais ils ne sont pas parvenus à aplanir les divergences, à un mois de la date butoir pour sceller un accord entre les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) et la République islamique.
Conclure un règlement avec l'Iran pour garantir qu'il n'aura jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions, est une priorité de la diplomatie américaine.
Après une nouvelle réunion d'experts et de directeurs politiques du 5+1 jeudi prochain à Vienne, John Kerry était censé donner une dernière impulsion aux négociations fin juin.