
Trois ans après la mort de plus de 70 supporteurs à Port-Saïd (nord), quand la police avait laissé s'affronter les fans de deux clubs rivaux, sciemment selon les supporteurs, le drame de dimanche soir au Caire est le produit d'un cocktail explosif entre la violence traditionnelle des ultras du foot et les habitudes de répression brutale de toute manifestation ou regroupement par les forces de l'ordre.
Le drame de Port-Saïd avait conduit les autorités à bannir les spectateurs de très nombreuses rencontres dans tout le pays. Après celui du Caire, le gouvernement a annoncé la suspension, sans limite de temps pour l'heure, du championnat d'Egypte de première division.
"Dix-neuf personnes ont été tuées, 22 policiers blessés et 18 émeutiers ont été arrêtés", a déclaré lundi matin Hani Abdel Latif, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Dimanche, le procureur général avait parlé de 22 morts.
Le gouvernement avait ouvert le stade pour seulement 10.000 spectateurs mais la police a été largement débordée par l'afflux massif de supporteurs, qui ont tenté de forcer les portes du stade, selon les autorités.
Plusieurs témoins interrogés par l'AFP ont expliqué qu'une seule porte avait été ouverte et que les policiers ont rapidement tiré des grenades lacrymogènes et ouvert le feu à la chevrotine. Les fusils à pompe chargés à la chevrotine sont couramment utilisés par les forces de l'ordre pour disperser des manifestants en Egypte, et parfois même des armes automatiques.
"Les 19 décès sont dus à la bousculade, aucun ne porte de blessure par balle ou plomb", a toutefois assuré à l'AFP Khaled al-Khatib, le chef des services de secours de la capitale. "Les corps présentent de nombreuses ecchymoses, certains ont la nuque brisée", a-t-il ajouté.