
"On ne peut pas gagner ce combat rapidement", a déclaré Martin Kobler, chef de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), lors d'une conférence de presse à Kinshasa.
"Ce sont des terroristes, ce sont des criminels, c'est un combat asymétrique, qui est très, très difficile à gérer", a ajouté M. Kobler. Plus de 250 personnes ont été tuées, essentiellement à l'arme blanche, depuis le début du mois d'octobre dans la ville et le territoire de Beni, dans le nord de la province congolaise du Nord-Kivu.
Le gouvernement congolais, la Monusco ainsi que plusieurs diplomates et experts ont imputé la responsabilité de ces tueries aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), présents dans l'Est de la RDC. A aucun moment cependant M. Kobler n'a prononcé le nom de ce groupe au cours de sa courte intervention devant les journalistes.
Pour leur part, plus de deux cents organisations de défense des droits de l'Homme en République démocratique du Congo ont dénoncé mardi la "campagne d'intoxication" dont elles s'estiment victimes depuis la dénonciation internationale d'une série de graves bavures policières à Kinshasa.
Les 213 membres du réseau ONGDH (Organisations non gouvernementales des droits de l'Homme) s'indignent de voir leur action stigmatisée publiquement suite à la parution en octobre et novembre d'un rapport du bureau des droits de l'Homme de l'ONU en RDC (BCNUDH) et d'un autre de Human Rights Watch (HRW) critiquant la brutalité meurtrière ayant accompagné une grande opération antibanditisme dans la capitale.
Dans une déclaration lue à la presse, elles regrettent "la campagne d'intoxication que mènent certaines autorités congolaises pour essayer de montrer que les organisations comme HRW, BCNUDH et les ONGDH congolaises défendent les kuluna contre le gouvernement" et les forces de l'ordre.
Les kuluna sont les membres des bandes armées que l'opération Likofi ("Coup de poing" en lingala), menée de novembre 2013 à février, avait pour mission de mettre au pas.
"Nous sommes accusés aujourd'hui d'être les protecteurs des kuluna", a regretté Robert Ilunga Numbi, directeur exécutif de l'ONG Amis de Nelson Mandela. Pour certains, nous sommes "à la solde d'une main noire étrangère", a-t-il ajouté, faisant référence à des propos tenus par le porte-parole du gouvernement Lambert Mende et le ministre de l'Intérieur, Richard Muyej.
Selon le BCNUDH, au moins 41 personnes ont été tuées ou ont disparu du fait de l'action de la police durant l'opération Likofi. HRW, elle, avance un bilan minimum de 80 morts et disparus.
La réaction de Kinshasa à ces chiffres a d'abord été d'expulser le chef du BCNUDH puis de crier au "lynchage médiatique", avant de faire part de la volonté des autorités de continuer d'enquêter pour s'assurer qu'aucune bavure policière commise pendant l'opération ne reste impunie.
Nombre de médias de la capitale, de toutes tendances, avaient alors accusé HRW, l'ONU et les défenseurs des droits de l'Homme de soutenir les kuluna au détriment de leurs nombreuses victimes.