
La situation devient en effet de plus en plus alarmante dans le pays, notamment à Saada (nord), fief des rebelles chiites, où la coalition menée par Ryad multiplie les raids aériens. Quelque 70.000 personnes, dont 28.000 enfants, fuyaient cette région, selon un communiqué de 17 organisations humanitaires, qui appellent à un cessez-le-feu immédiat et durable.
Alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé le 30 avril que la pénurie de carburant l'obligeait à arrêter progressivement ses distributions de nourriture, une première cargaison de fuel -300.000 litres de carburant et d'équipements- a pu accoster samedi au port de Hodeida (ouest) et une deuxième devait arriver hier.
L'Unicef avait récemment prévenu que si les restrictions continuaient, "elles feraient plus de morts que les balles et les bombes dans les prochains mois" dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Plus de 1.400 personnes, dont de nombreux civils, ont été déjà tuées dans le conflit, et au moins 300.000 déplacées, selon l'ONU.
Réagissant à la proposition de trêve humanitaire faite vendredi par l'Arabie Saoudite, le bureau politique des rebelles chiites a indiqué dimanche "être prêt à réagir positivement à tout effort, appel ou mesure qui aiderait à mettre fin aux souffrances" de la population.
Des militaires alliés aux Houthis ont quant à eux accepté le cessez-le-feu, après six semaines de raids aériens quotidiens de la coalition destinés à empêcher les rebelles de conquérir l'ensemble du Yémen.
L'appui de ces soldats, partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a permis aux Houthis, venus du nord du pays, de prendre le contrôle de la capitale Sanaa en janvier, puis de se rapprocher de la grande ville du sud, Aden, poussant à l'exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi le 26 mars.
Ces militaires ont donné leur aval à l'offre de trêve quelques heures après qu'un raid de la coalition arabe a frappé la résidence de l'ex-président Saleh. Ryad a proposé que le cessez-le-feu prenne effet mardi soir pour cinq jours renouvelables à condition que les rebelles s'engagent à le respecter.
Des membres du Conseil de coopération du Golfe, dont l'Arabie Saoudite, se rendront les 13 et 14 mai à Washington pour mettre au point un ensemble de mesures de sécurité au Proche-Orient.
La coalition a mené ces derniers jours un nombre record de raids --plus de 130 de vendredi à samedi-- après avoir affirmé que les rebelles avaient franchi "une ligne rouge" avec leurs bombardements qui ont coûté la vie à dix civils en Arabie Saoudite la semaine passée.
Dimanche, l'artillerie saoudienne a renouvelé ses tirs contre des positions rebelles dans le nord du Yémen après de nouveaux tirs de roquettes ayant blessé quatre femmes sur son territoire. Les tirs de représailles continueront jusqu'au cessez-le-feu mardi, si les Houthis "poursuivent leurs tirs de roquettes contre nos villes, notre population", a averti le général Assiri.