
Après trois semaines d'une campagne largement atone, 5,2 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour élire 217 députés dans 33 circonscriptions, un scrutin pour lequel le parti islamiste Ennahda part en position de force.
Cette transition démocratique pacifique en Tunisie tranche avec les combats entre factions rivales en Libye voisine ou au Yémen, la reprise en main de l'Egypte par l'armée et la guerre civile en Syrie.
Pourtant, le pays, berceau des révoltes arabes, a flirté avec l'instabilité à plus d'une reprise, notamment lors de la terrible année 2013, marquée par l'essor de groupes jihadistes armés, les assassinats de deux opposants aux islamistes d'Ennahda au pouvoir à l'époque, et une économie toujours en berne.
Finalement, la classe politique, pourtant à couteaux tirés, s'est engagée sous la pression de la société civile dans de longues négociations pour aboutir à une Constitution consensuelle en janvier, des législatives dimanche et une présidentielle le 23 novembre.
Cet exemple tunisien loué par la communauté internationale, Ennahda, parti de masse organisé, le met en avant pour arracher la victoire même si son passage au pouvoir a coïncidé avec les événements les plus graves de la Tunisie post-révolutionnaire, comme l'attaque contre l'ambassade américaine en 2012. Mais si la Tunisie a évité le pire, des analystes estiment qu'il est bien trop tôt pour parler de modèle de réussite, d'autant que les élections se déroulent avec deux ans de retard sur le calendrier initial.
Les Tunisiens semblent néanmoins loin de se passionner pour le scrutin où les deux grandes formations rivales Nidaa Tounès et Ennahda partent favorites bien que confrontées à une kyrielle d'autres listes.
Des centaines de murs devant accueillir les affiches électorales sont restés à moitié vides, les campagnes de tractage sont rares et des organisations d'observation électorale ont dit avoir eu du mal à recruter.