
Est-ce l'amorce d'une stabilisation de la monnaie russe? Après avoir chuté de 9,5% lundi et de 7% mardi, du jamais vu depuis la crise financière de 1998, le rouble retrouvait un semblant de calme.
A ses niveaux actuels, il a perdu la moité de sa valeur, conséquence d'une année d'isolement croissant de la Russie pour cause de crise ukrainienne et de la dégringolade des prix du pétrole, principale source de revenus de l'Etat. La population, déjà touchée de plein fouet par la flambée des prix, est désormais promise à une dure récession.
La parole du président russe, fort d'une popularité impressionnante depuis l'annexion de la Crimée, est très attendue pour clarifier ses orientations économiques et les choix qu'exigent l'ampleur de la crise monétaire actuelle.
Au plus fort de la journée de mardi, le rouble est allé jusqu'à perdre plus de 20%, atteignant les seuils chocs de 100 roubles pour un euro et 80 roubles pour un dollar.
"Le rouble vaut ce que vaut le pouvoir de Poutine pour le marché", a estimé le journal indépendant Novaïa Gazeta.
Vladimir Poutine ne s'est pas encore exprimé sur le sujet, le Kremlin soulignant qu'il appartenait au gouvernement de régler la crise. La situation du rouble promet de largement dominer la grande conférence annuelle du président ce jeudi, un exercice pendant lequel il jongle pendant plusieurs heures avec les questions des centaines de journalistes russes et étrangers présents.
Le Kremlin a laissé pointer un certain agacement mercredi face au gouvernement qui a "enfin pris le problème au sérieux", selon le conseiller économique Andreï Belooussov. "Seules des actions coordonnées peuvent avoir un effet", a-t-il souligné.
Après avoir conseillé aux ménages la patience, le gouvernement a tenu mardi une réunion d'urgence et défini des mesures destinées à assurer la stabilité financière, en jouant sur les liquidités disponibles dans le système financier, et à soutenir le secteur bancaire mis à rude épreuve.
La Russie dispose des ressources monétaires nécessaires pour juguler la crise entraînée par le plongeon historique du rouble sans porter atteinte aux principes de l'économie de marché, a assuré mercredi le Premier ministre Dmitri Medvedev.
"Le pays dispose des ressources monétaires nécessaires pour atteindre ses objectifs économiques. Il a aussi les instruments de marché indispensables pour garantir la demande correspondante", a déclaré le chef du gouvernement lors d'une réunion d'urgence, retransmise à la télévision, avec ses ministres du secteur économique et les patrons des grands groupes exportateurs, rejetant toute "régulation excessivement stricte" du marché.