
Mais pour les rebelles, l'important est ailleurs: en prenant Debaltseve, verrou stratégique pour le contrôle de l'est de l'Ukraine, ils ont parachevé leurs avancées militaires amorcées pendant l'été.
La zone qu'ils contrôlent est maintenant homogène, faisant la jonction entre les territoires séparatistes des régions de Lougansk et de Donetsk. La question qui se pose désormais: les rebelles vont-ils s'arrêter là ou continuer de gagner du terrain plus à l'ouest, ou vers le sud maritime et le port de Marioupol?
Face à cette éventualité, Porochenko a voulu prendre les devants. Mercredi, en préambule d'une réunion du Conseil de sécurité nationale et de défense, il a annoncé que Kiev demanderait l'envoi d'une mission policière de l'Union européenne dans l'est de l'Ukraine.
Le principe d'un contingent de paix international, qui surveillerait la frontière russo-ukrainienne, poreuse, et la ligne séparant l'Ukraine des territoires séparatistes, a été adopté par le Conseil de sécurité nationale et de défense, mais doit encore être voté au Parlement.
Le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président russe Vladimir Poutine et Porochenko devaient se parler dans la soirée au cours d'une conférence téléphonique à quatre, selon Paris.
Mercredi, le président ukrainien a annoncé l'abandon de Debaltseve, avant de gagner le front à la rencontre des soldats qui avaient fui la ville.
Il a assuré que cette évacuation avait été "planifiée et organisée", des propos mis en doute par des soldats ukrainiens sortis de l'encerclement.
Selon Kiev, 2.475 soldats ont quitté Debaltseve mercredi.
L'offensive rebelle contre cette ville est intervenue malgré une nouvelle trêve arrachée la semaine dernière à l'issue de négociations marathon à Minsk entre les dirigeants allemand, français, russe et ukrainien.
L'Occident a fermement dénoncé la prise de Debaltseve, qui risque de ruiner le fragile cessez-le-feu, mettant en cause Moscou. Les Etats-Unis ont lancé un appel similaire à la Russie, tout en soulignant que pour eux l'accord de cessez-le-feu du 12 février était toujours d'actualité.
La Russie est accusée par l'Ukraine, l'UE et les Etats-Unis d'armer les séparatistes et d'avoir déployé des troupes régulières en Ukraine, ce que Moscou dément.