
A la veille de la première séance du Parlement ukrainien, issu des élections législatives anticipées du 26 octobre remportées par les pro-occidentaux, le général Breedlove est toutefois resté évasif sur les perspectives atlantistes de Kiev.
Les autorités ukrainiennes tentent en effet de relancer leur projet d'adhésion à l'Otan après la perte humiliante de la Crimée et la partition de facto du bassin minier du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, contrôlé en partie par les rebelles prorusses qui combattent l'armée ukrainienne. La nouvelle coalition pro-occidentale s'est ainsi engagée à modifier d'ici la fin de l'année la législation afin d'"annuler le statut non-aligné de l'Ukraine" et de "relancer la politique en vue d'une adhésion à l'Otan".
"Nous sommes très inquiets de la militarisation de la Crimée", a déclaré le général au cours d'une conférence de presse à Kiev en disant craindre le déploiement d'armes nucléaires et "surveiller" les développements à ce sujet.
"Les équipements qui sont en train d'être installés en Crimée (...), les missiles de croisière et les missiles antiaériens sont capables d'atteindre la totalité de (la région) de la mer Noire", a-t-il poursuivi.
Ces dernières semaines, la Russie a renforcé sa présence militaire en Crimée. Elle a notamment décidé d'y rouvrir une station d'alerte antimissile et de consacrer plus d'1,75 milliard d'euros d'ici à 2020 au développement de sa flotte de la mer Noire.
En outre une source militaire a annoncé mercredi à l'agence de presse russe TASS le déploiement de quatorze avions de chasse en Crimée où la Russie dispose d'une base militaire aérienne rénovée. A terme, l'escadrille comptera 30 appareils.
Après s'être entretenu avec le président Porochenko et le Premier ministre Arseni Iatseniouk, le général Breedlove a souligné que ce n'était pas l'Otan qui cherchait de nouveaux membres, mais "ce sont eux qui cherchent à rejoindre l'Otan".
"Nous devons être suffisamment clairvoyants pour réaliser que cela pourrait inquiéter l'autre partie", a-t-il souligné dans une allusion évidente à la Russie.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance doivent se réunir le 2 décembre à Bruxelles où ils aborderont notamment la situation en Ukraine en présence du chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine et du secrétaire d'Etat américain John Kerry, selon un responsable de l'Otan.
Toutefois, même les alliés les plus fidèles de Kiev sont sceptiques sur la perspective d'adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique.
La responsable du département d'Etat américain chargée des affaires européennes, Victoria Nuland a déclaré mercredi dans une interview au site d'information russe indépendant Meduza qu'il serait "très difficile" pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan.