
La puissante monarchie pétrolière du Golfe a souvent recours à l'argent pour s'assurer du soutien de grands médias arabes et de personnalités politiques du Moyen-Orient, indiquent en substance ces "câbles saoudiens" dont la teneur n'apparaît pas toutefois comme une surprise.
WikiLeaks, qui assure être en possession d'un demi-million de documents, a commencé à en diffuser 70.000 qui incluent des communications d'ambassades, des échanges de courriers électroniques entre diplomates et des notes préparées par d'autres organismes du royaume saoudien. Les autorités exhortent les citoyens saoudiens à ne pas partager leur contenu. WikiLeaks ne dit pas comment il les a obtenus, mais renvoie à un piratage informatique dans le royaume remontant à mai dernier. Ces révélations, largement relayées par des internautes, interviennent alors que l'Arabie Saoudite est engagée depuis fin mars dans une opération militaire contre des rebelles chiites au Yémen, alliés à l'Iran, et fait face à des critiques croissantes sur son bilan en matière des droits de l'Homme.
Un responsable saoudien a déclaré à l'AFP que les fuites n'avaient pas perturbé outre mesure les dirigeants du royaume, tout en admettant qu'elles pourraient embarrasser certaines personnes dont les noms sont mentionnés dans les câbles.
Ces révélations, dont l'AFP n'a pu confirmer l'authenticité, montrent, entre autres, que l'Arabie Saoudite a financé des partis politiques libanais et de grands médias pour accroître son influence diplomatique.
D'après ces câbles, journalistes, politiciens et autres personnalités de tous bords, notamment au Liban, ont sollicité l'aide financière du royaume et la réponse saoudienne a été liée au degré d'allégeance des uns et des autres.
WikiLeaks rapporte aussi qu'un fils d'Oussama ben Laden a réclamé en 2011 aux Etats-Unis un certificat de décès après la mort du chef d'Al-Qaïda, tué quelques mois plus tôt au Pakistan par un commando américain.
Un autre document indique que la France a demandé en 2012 à l'Arabie Saoudite un "point d'appui" à Jeddah (ouest) pour le stockage d'armes, de munitions et d'équipements destinés à des unités luttant contre la piraterie maritime.
Un câble diplomatique indique également que l'Iran, puissance régionale rivale de l'Arabie Saoudite, a transféré la même année des équipements nucléaires au Soudan.
D'autres documents confirment le grand train de vie de certains membres de la famille royale, comme cette princesse qui a laissé en 2009 une ardoise de plus d'un million d'euros représentant une facture impayée à une compagnie de taxi de luxe en Suisse.
Selon des experts, les messages illustrent surtout la ferme volonté de l'Arabie Saoudite sunnite de faire face à "l'expansionnisme" de l'Iran chiite.