
Vêtu d'une tenue traditionnelle blanche, El-Béchir est sorti de l'avion à Khartoum triomphant, levant sa canne en l'air et tonnant "Dieu est le plus grand".
Dès le 28 mai, la CPI avait demandé à l'Afrique du Sud, en tant que membre de la Cour, de procéder à son arrestation s'il venait au sommet de l'UA.
La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA, a fait mine de s'étonner: "Je ne sais pourquoi on en fait tout un plat aujourd'hui". Selon elle, l'UA jouit d'un statut extra-territorial et obéit à ses propres règles, pas celles du pays hôte: "On est peut-être géographiquement en Afrique du Sud, mais ici, c'est l'Union africaine".
Lundi, un tribunal de Pretoria a jugé que le gouvernement sud-africain avait violé la Constitution et qu'il aurait dû arrêter le président soudanais.
Dans la soirée, le gouvernement sud-africain a diffusé un communiqué laconique pour prendre note du jugement, en annonçant une "enquête sur les circonstances dans lesquelles le président soudanais a quitté le pays".
La veille, le tribunal, saisi par une ONG, avait frappé El-Béchir d'une interdiction de quitter le pays, une première sur le continent en réponse à la CPI.
De fait, El-Béchir, recherché par la CPI pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans le conflit du Darfour, a tranquillement participé au sommet de l'UA et posé sur la photo officielle dimanche.
La CPI a été créée en 2002 à La Haye pour juger les génocidaires et criminels de guerre qui n'ont jamais été poursuivis dans leur propre pays. Depuis plusieurs années, elle est la cible d'une virulente campagne des chefs d'Etat africains qui l'accusent de racisme et de ne s'en prendre qu'à des dirigeants du continent.
En dépit des poursuites engagées contre lui par la CPI en 2009 et 2010 dans le cadre du conflit de la province soudanaise du Darfour, le président El-Béchir s'est déjà rendu depuis dans des Etats parties à la CPI tels que le Tchad, le Kenya et le Nigeria, sans jamais être inquiété.
Le président soudanais, 71 ans, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1989 et réélu en avril sans opposition avec 94% des voix pour un nouveau mandat de cinq ans, a depuis 2009 considérablement limité ses déplacements à l'étranger, privilégiant les pays n'ayant pas rejoint la CPI.