
Les services de sécurité israéliens ont fait sauter dans la nuit de mardi à mercredi le logement d'Abdelrahmane Shalodi dans une haute bâtisse du quartier populaire de Silwan à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël, a indiqué une porte-parole de l'armée.
Le logement n'est plus qu'un trou béant rempli de gravats entre deux étages. Les charges disposées par les Israéliens ont soufflé les parois intérieures et extérieures, dont l'une s'est écrasée sur une voiture garée en contrebas.
C'est la première fois depuis 2009 que les forces israéliennes mènent à Jérusalem même une telle opération perçue par les Palestiniens comme une insupportable punition collective mettant à la rue des familles entières, selon un avocat israélien spécialisé dans les affaires concernant Jérusalem.
Elles n'ont pas cessé de les conduire dans les Territoires occupés. Encore récemment, en août, elles ont rasé à Hébron (Cisjordanie) les maisons de deux hommes accusés d'avoir enlevé et tué trois adolescents juifs en juin.
Au sein des forces israéliennes elles-mêmes, on apprécie diversement l'effet de ces démolitions, jugées dissuasives par certains, contre-productives par d'autres, et en tout cas susceptibles d'ajouter à des tensions déjà très vives.
La démolition de l'appartement d'Abdelrahmane Shalodi, signalée par une puissante explosion vers quatre heures du matin, n'a pas suscité de heurts dans l'un des quartiers pourtant les plus agités de Jérusalem-Est ces derniers mois.
Devant une situation de plus en plus explosive, les autorités israéliennes ont voulu montrer qu'elles tiendraient l'engagement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de réagir avec une poigne de fer à la série d'attentats récents et à celui perpétré mardi dans une synagogue de Jérusalem-Ouest.
Elle est le point d'orgue d'une série d'attentats - "une vague terroriste s'abat sur Jérusalem", a dit le Premier ministre israélien - et de plusieurs mois de violences.
Abdelrahmane Shalodi est l'auteur de l'une de ces attaques qui font redouter un embrasement généralisé. Le 22 octobre, il a tué un bébé israélo-américain de trois mois et une Equatorienne de 22 ans en fonçant avec sa voiture sur des passagers descendant du tramway à la limite entre Jérusalem-Ouest et Jérusalem. L'acte délibéré ne fait aucun doute pour la police. La famille croit à un accident.
Pour sa part, le pape François a dénoncé mercredi l'attaque de la synagogue à Jérusalem, qui a tué mardi cinq Israéliens, épisode "inacceptable" de violence contre un lieu de culte, et lançé un appel à des "décisions courageuses pour la réconciliation".
"Je suis avec préoccupation l'augmentation alarmante de la tension à Jérusalem et dans d'autres zones de la Terre Sainte, avec des épisodes inacceptables de violences qui n'épargnent même pas les lieux de culte", a déclaré le pape sur la place Saint-Pierre, à l'issue de l'audience générale hebdomadaire.