
« La sécurité, la lutte contre le terrorisme ont constitué l’essentiel des échanges ».
La France est engagée sur plusieurs fronts en Afrique : au Mali, au Niger, au Tchad et en Centrafrique. La région du Sahel est un foyer de tensions revigorées par la déliquescence de l’Etat libyen. La Tunisie, rescapée de l’anarchie qui a sanctionné le Printemps arabe, est désormais face à un terrorisme organisé qui menace fortement sa stabilité. La France ne peut cacher son inquiétude face à cette situation d’autant plus que des dommages collatéraux, comme l’immigration clandestine de masse, plongent les pays européens dans une crise sans précédent.
L’Algérie devrait être un partenaire dans ce combat. Elle a des frontières avec le Sahel, la Tunisie, la Libye… Elle tente de jouer un rôle politique dans la réconciliation malienne, mais c’est loin d’être suffisant, aux yeux de Paris et des pays de la région.
En fait, l’Algérie est victime d’une contradiction qui fait partie intégrante de la doctrine des régimes en place. Elle voudrait revendiquer un statut de puissance régionale, achète des armes à tour de bras, entretient une armée imposante, mais s’interdit tout déploiement à l’étranger de ses soldats. En même temps, elle s’oppose à ce que l’autre puissance régionale, en l’occurrence le Maroc, s’implique plus à ses frontières.
Ce sont là des raisons objectives qui incitent Paris à intensifier les contacts au haut niveau pour appeler l’Algérie à un engagement plus résolu. D’autant plus que ce pays a mené la première guerre contre le terrorisme dans la région, que les bataillons d’Aqmi ont été constitués par les résidus du GIA et que, malgré la puissance supposée de son armée, des groupes terroristes ont trouvé refuge juste à ses frontières.
Il y a aussi des raisons subjectives à l’empierrement français. Ce n’est pas jouer au chamoniard que d’évoquer la santé de Bouteflika, or c’est le flou total sur sa succession qui peut être précipitée. Le mode de gouvernance est totalement bloqué et les institutions ont perdu leur légitimité. Le modèle social, basé sur une redistribution de la rente est épuisé. La baisse des prix des hydrocarbures et la démographie laissent peu de marge de manœuvre aux gouvernants. La conjonction de ces deux facteurs est une menace d’instabilité, ce qui ne peut que favoriser les visées terroristes. Dans les hautes sphères françaises, on ne cache plus la conviction que la stabilité de la région dépend d’une entente, au moins au niveau sécuritaire entre le Maroc et l’Algérie. On peut parier que François Hollande a abordé le sujet lors de ses contacts algériens.