
A Tikrit, l'opération lancée le 2 mars par des milliers de soldats, policiers, miliciens notamment chiites, membres des forces kurdes ou de tribus sunnites, a permis d'encercler les jihadistes. Mais les déloger de la ville s'avère beaucoup plus compliqué.
Selon des officiers, l'EI a piégé des maisons et creusé des tranchées dans la capitale de la province de Salaheddine, située à 160 km de Bagdad.
Dès lundi, le ministre irakien de l'Intérieur Mohammed al-Ghabbane avait annoncé la suspension de l'offensive gouvernementale, sa plus importante depuis la débandade de l'armée mi-2014, qui avait permis à l'EI de conquérir de vastes territoires au nord et à l'ouest de Bagdad.
Selon lui, indique l’AFP, les combats ont été suspendus pour "limiter les pertes" et protéger les infrastructures, sans préciser en quoi s'en tenir à un siège prolongé permettrant d'atteindre ces deux objectifs, à moins que les forces irakiennes n'obtiennent un appui extérieur supplémentaire, aérien notamment.
Le général Abdelwahab al-Saadi, l'un des principaux commandants pour cette opération, avait déploré dimanche l'absence d'appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis dans cette bataille, alors que celle-ci poursuit ses frappes dans le reste du pays, avec 12 raids entre lundi et mardi.
Plus le siège de Tikrit se prolonge, plus les civils souffriront. Selon un porte-parole du Croissant-Rouge local, Adnan Younis, seuls 20% des Irakiens habitant Tikrit avant le conflit y vivent toujours, soit "pas plus de 30.000 personnes". Ces derniers restent "car ils n'ont pas assez d'argent pour partir, pas de voiture, ils sont handicapés ou bien choisissent de coopérer avec l'EI".
L'armée irakienne avait déjà tenté de reprendre par trois fois, en vain, la ville d'origine de l'ex-dictateur Saddam Hussein. Des commandants ont affirmé de façon récurrente qu'ils étaient sur le point de lancer l'assaut, mais la ligne de front n'a pas bougé depuis des jours.
L'EI a annoncé mardi avoir décapité quatre hommes recrutant des volontaires pour combattre au côté des forces gouvernementales dans la province de Salaheddine. Depuis sa percée fulgurante en Irak il y a neuf mois, le groupe extrémiste sunnite impose sa loi et multiplie les atrocités dans les régions sous son contrôle, comme sur les territoires conquis en Syrie à la faveur du conflit ayant éclaté il y a quatre ans entre le régime et des rebelles.