
Quatorze représentants yéménites, sept de chaque camp, participeront aux discussions, prévues pour durer deux à trois jours. Ils inclueront d'un côté le bloc du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi reconnu internationalement, de l'autre la rébellion chiite des Houthis, alliée au parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui est resté au pouvoir 33 ans.
Difficile à mettre en place, la rencontre de Genève constitue une rare fenêtre d'ouverture dans ce conflit ayant aggravé les tensions entre sunnites et chiites et tout particulièrement entre Ryad et Téhéran.
Elle intervient alors que les combats s'enlisent deux mois et demi après le début, le 26 mars, des frappes aériennes par la coalition arabe dirigée par Ryad. Ces bombardements intensifs ont dégradé les capacités militaires des Houthis et du camp Saleh, sans cependant les faire plier.
Les rebelles ont même bombardé à plusieurs reprises des zones frontalières en Arabie saoudite qui a lancé deux Patriot samedi dernier pour intercepter un missile Scud tiré depuis le nord du Yémen.
Le gouvernement yéménite, exilé en Arabie saoudite, a minimisé la portée de Genève, parlant de simples "consultations" pour mettre en oeuvre la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Adoptée le 14 avril, cette résolution soutient "la légitimité du président du Yémen", impose des sanctions aux rebelles, dont un embargo sur les armes, et les somme de se retirer des nombreux territoires qu'ils ont conquis depuis 2014, dont la capitale Sanaa.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon participera à l'ouverture des pourparlers de Genève qui se tiendront ensuite à huis-clos, selon un porte-parole de l'organisation. Il a lancé un "appel urgent" à toutes les parties à engager des consultations "de bonne foi et sans conditions préalables dans l'intérêt du peuple yéménite".
Le but des pourparlers est la mise en place d'un cessez-le-feu, d'un plan de retrait des rebelles des zones conquises et d'un accroissement de l'aide humanitaire, ont indiqué des diplomates à New York.
Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire de "catastrophique", donnant un bilan de plus de 2.000 morts depuis la fin mars et de plus d'un demi-million de déplacés.
Le conflit affecte au total 20 millions de personnes, ont estimé 13 organisations humanitaires, en appelant vendredi à un cessez-le-feu "immédiat et permanent pour sauver des millions" de vies.
Sous la pression de Washington, l'Arabie saoudite a accepté une trêve humanitaire de cinq jours en mai pour permettre l'acheminement de secours à une population civile exsangue, mais les efforts pour un cessez-le-feu permanent ont jusqu'ici échoué.
Le conflit est dans une impasse, estiment des experts. Certes, l'Arabie saoudite a marqué des points en détruisant la plupart des missiles rebelles capables d'atteindre son territoire mais elle n'a pas radicalement changé la donne au Yémen et le président Hadi est toujours réfugié à Ryad.
La coalition dirigée par Ryad ne cessera ses frappes aériennes au Yémen contre les rebelles chiites Houthis qu'une fois appliquée la résolution de l'ONU exigeant le départ de ces derniers des territoires conquis, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie qatarie.
De leur côté, les Houthis et leurs alliés ont conservé la plupart de leurs positions, y compris la capitale, mais ils ont enregistré de lourdes pertes et, à part l'Iran, personne ne les soutient sur la scène internationale.