«Taëz est aux mains des rebelles», a affirmé cheikh Hammoud Saïd Al-Mekhlafi, chef du conseil tribal de Taëz.
La ville située à 270 km au sud-ouest de Sanaa a connu au cours des derniers jours des affrontements entre la Garde républicaine, corps d'élite fidèle au régime, et des miliciens affirmant protéger les manifestants.
Plus de 50 manifestants avaient été tués le 30 mai selon l'ONU lors du démantèlement par la force d'un sit-in d'opposants sur la Place de la Liberté dans la ville, l'une des premières à se soulever contre le président Saleh.
Des combats ont, par ailleurs, éclaté mardi à Zinjibar, ville côtière du Yémen dont des militants islamistes affiliés à Al Qaïda ont pris le contrôle à la fin du mois de mai.
Un bilan encore provisoire fait état d'au moins quinze morts.
Zinjibar, vidée de la quasi-totalité de ses 50.000 habitants, borde une voie de navigation par laquelle transitent quelque 3 millions de barils de brut par jour.
Ces nouvelles violences surviennent alors que le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, se trouve toujours en Arabie saoudite, où il a été opéré au cours du week-end après avoir été blessé dans le bombardement de son palais présidentiel de Sanaa. Ses proches affirment qu'il ne s'agit que d'un refuge provisoire et que Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, rentrera dans les prochains jours au Yémen. Mais, estiment des spécialistes de la région, les puissances occidentales de même que l'Arabie saoudite, qui se défend publiquement de toute ingérence dans les affaires intérieures du Yémen, feraient pression pour que ce refuge provisoire devienne définitif.
La Maison Blanche a affirmé de son côté qu'une «transition immédiate» du pouvoir était «dans le meilleur intérêt» des habitants. Le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé M. Saleh à réfléchir pendant son traitement en Arabie saoudite et à agir «dans le meilleur intérêt de son peuple».
Mais le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi a semblé vouloir freiner l'enthousiasme des opposants en indiquant que M. Saleh rentrerait «au pays dans les prochains jours».
Le Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), dont Mansour Hadi est le secrétaire général, a condamné la position de certains leaders du Forum commun, alliance de partis d'opposition, estimant qu'ils profitaient de cet évènement douloureux» en le transformant en «victoire politique».