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Washington dit mettre l'accent sur la dissuasion, pas sur la guerre contre l’Iran

Mike Pompeo Nous avons de nombreuses manières d'avoir des canaux de communication" avec les dirigeants iraniens


Jeudi 23 Mai 2019

L'administration de Donald Trump a semblé mardi vouloir freiner l'escalade militaire avec l'Iran après deux semaines de montée des tensions, assurant privilégier "la dissuasion, pas la guerre" et avoir réussi à éloigner les menaces les plus imminentes.
Face au scepticisme provoqué par les accusations des Etats-Unis, qui martelaient depuis début mai que la République islamique préparait des attaques "imminentes" contre des intérêts américains, les chefs de la diplomatie Mike Pompeo et du Pentagone Patrick Shanahan ont informé à huis clos les parlementaires américains de la nature des renseignements dont ils disposaient.
Sans toujours convaincre les élus démocrates, dont plusieurs redoutent que la multiplication des déploiements militaires américains au Moyen-Orient ne dégénèrent en conflit avec Téhéran.
"Il s'agit de faire de la dissuasion, pas la guerre", a assuré M. Shanahan à l'issue des auditions au Congrès.
Il a ajouté que les mesures prises par Washington avaient d'ailleurs permis d'"éviter des attaques", notamment "contre les forces américaines" dans la région. Il avait déjà estimé dans la matinée que l'action américaine avait permis "d'écarter" pour l'instant "le risque d'attaques contre des Américains".
Le président des Etats-Unis avait déjà baissé d'un ton lundi. "Nous n'avons pas d'indication qu'ils vont" attaquer des intérêts américains, avait reconnu Donald Trump, au lendemain de l'un de ses avertissements les plus musclés à l'égard de l'Iran, dont il avait promis "la fin officielle" en cas d'agression.
Les responsables de l'administration Trump n'ont pas divulgué les informations ayant déclenché le déploiement dans le Golfe d'un porte-avions, de bombardiers B-52, d'un navire de guerre et d'une batterie de missiles Patriot, ainsi que le rappel dans la précipitation d'une partie des diplomates américains en poste en Irak.
Selon le sénateur républicain Lindsey Graham, partisan d'une ligne dure face à l'Iran, MM. Pompeo et Shanahan ont expliqué qu'il s'agissait d'une "escalade jamais vue des menaces".
"La force militaire envoyée dans la région sert à dissuader l'Iran de s'en prendre à des Américains ou à nos intérêts, pas à envahir l'Iran", a-t-il assuré.
Il a aussi estimé, après ce briefing confidentiel défense, que le gouvernement iranien avait "coordonné et ordonné l'attaque" contre des navires et un oléoduc dans le Golfe.
Si la récente attaque de drone contre un oléoduc saoudien a été revendiquée par les rebelles yéménites soutenus par Téhéran, les auteurs de mystérieux "actes de sabotage" contre quatre navires restent inconnus.
Pour la premières fois, Mike Pompeo a toutefois aussi mis en cause Téhéran, jugeant "assez probable que l'Iran soit derrière" ces sabotages, "à la lumière de tous les conflits régionaux de la dernière décennie et de la forme de ces attaques".
Le secrétaire d'Etat a d'ailleurs insisté sur les quarante années "d'actes malveillants" de la part de l'Iran pour estimer que la menace récente était réelle.
"Nous savons tous que l'Iran est méchant!", s'est agacé le député démocrate Adam Smith. "Mais quelle est la politique pour aller de l'avant?"
De nombreux élus de l'opposition au président Trump estiment que ce dernier a favorisé la montée des tensions en quittant l'accord sur le nucléaire iranien, en multipliant les sanctions et en inscrivant les Gardiens de la Révolution --l'armée idéologique de la République islamique-- sur la liste noire américaine des organisations terroristes.
Certains soupçonnent le gouvernement américain d'exagérer la menace pour provoquer une déflagration avec la République islamique.
Si le milliardaire républicain assure ne pas vouloir d'une nouvelle guerre et se dit même prêt à dialoguer avec les dirigeants iraniens, certains ténors de son administration, à commencer par son conseiller à la sécurité nationale John Bolton, ont toujours fait partie des faucons partisans d'un changement de régime à Téhéran et de frappes pour empêcher l'Iran de fabriquer la bombe atomique.
Après les auditions de MM. Pompeo et Shanahan, et sans remettre en cause la véracité de la menace iranienne, les démocrates ont insisté sur les risques de voir l'escalade prendre une mauvaise tournure.
Le sénateur Bernie Sanders, candidat aux primaires démocrates pour l'élection présidentielle de 2020, a ainsi dit sa "grande préoccupation" de voir la situation dégénérer en guerre "de manière intentionnelle ou non". "Et on parle d'une guerre qui durerait très, très longtemps", a-t-il lancé.
Là aussi, Patrick Shanahan et Mike Pompeo ont tenté de donner des gages au Congrès.
"Notre principale préoccupation en ce moment est d'éviter tout mauvais calcul iranien. Nous ne voulons pas d'escalade", a dit le premier. "Nous avons de nombreuses manières d'avoir des canaux de communication" avec les dirigeants iraniens, a rassuré le second.


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