Vue d’ici ou du côté de l’Algérie, la réélection de Donald Trump différemment appréciée : Le Maroc y voit le retour d’un pragmatisme bienvenu

Les voisins l’ont plutôt mauvaise


Mehdi Ouassat
Lundi 11 Novembre 2024

Vue d’ici ou du côté de l’Algérie, la réélection de Donald Trump différemment appréciée : Le Maroc y voit le retour d’un pragmatisme bienvenu
Depuis la proclamation historique de Donald Trump en décembre 2020 reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, le conflit artificiel autour du Sahara marocain a pris une tournure décisive sur la scène internationale. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, la réélection du même homme à la Maison Blanche conforte davantage cette position, offrant au Maroc une opportunité de consolider ses acquis diplomatiques et de renforcer son partenariat stratégique avec les Etats-Unis.
 
Reconnaissance historique au service de la stabilité
 
La décision de Trump, en 2020, a marqué un tournant dans la politique étrangère américaine vis-à-vis du Sahara marocain. En inscrivant cette reconnaissance dans une proclamation présidentielle formellement intégrée au registre fédéral et notifiée au Conseil de sécurité de l’ONU, Trump a conféré à cette décision une portée inédite. La force juridique de ce document institutionnel, validé au plus haut niveau de l’exécutif américain, transcende les cycles électoraux et les différences partisanes aux Etats-Unis. En effet, même sous la présidence de Joe Biden, cette position a été maintenue, ce qui témoigne de la solidité de cet engagement.

Le soutien américain, dès lors acté, a eu pour effet de catalyser d’autres reconnaissances internationales. L’Espagne, Israël, l’Allemagne, la France et plusieurs Etats du monde entier ont emboîté le pas, affirmant publiquement leur appui à la solution d’autonomie proposée par le Maroc. La dynamique enclenchée par cette proclamation a renforcé l’isolement de l’Algérie qui s’obstine à soutenir le Front polisario. Alors que les pays voisins choisissent d’ouvrir des consulats dans les villes de Laâyoune et Dakhla, Alger peine à contrer ce mouvement, reflétant son incapacité croissante à influer sur le cours des événements.
 
Contexte favorable au Maroc
 
Le retour de Donald Trump à la présidence, accompagné d’un Congrès et d’un Sénat à majorité républicaine, initie une conjoncture politique singulière. Avec cette configuration, les Etats-Unis devraient s’inscrire dans une ligne diplomatique plus décisive et pragmatique.

La position américaine bénéficie également du soutien d’autres acteurs stratégiques au Conseil de sécurité de l’ONU. La France, membre permanent, et l’Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara marocain, soutiennent activement le plan d’autonomie marocain, position qui se voit ainsi légitimée et consolidée. Les Etats-Unis, en tant que pen-holder ou “détenteur de la plume”, jouent un rôle majeur dans l’orientation des débats. Cet alignement inédit entre Washington, Paris et Madrid vient isoler encore plus la position algérienne, de plus en plus perçue comme anachronique par la communauté internationale.
 
L’Algérie en position délicate
 
Pour l’Algérie, la réélection de Trump constitue un échec diplomatique supplémentaire qui s’ajoute à une série de revers marquants. Alors que le pays s’agrippe au soutien historique au polisario, les moyens financiers et politiques qu’il y consacre deviennent de plus en plus difficiles à justifier. Les défis économiques et sociaux que traverse l’Algérie – baisse des revenus pétroliers, tensions internes croissantes – limitent sa marge de manœuvre pour persister dans une stratégie coûteuse et peu fructueuse sur le plan international.

La diplomatie algérienne se retrouve donc à la croisée des chemins. Continuer à soutenir le polisario, au risque d’un isolement diplomatique accentué ou réviser sa politique régionale pour s’adapter aux nouvelles réalités ? Face à l'évolution des soutiens internationaux en faveur du Maroc, il n’est pas exclu que des pressions internationales croissantes conduisent Alger à repenser sa stratégie, notamment si d’autres puissances rejoignent les Etats-Unis, la France et l’Espagne dans leur appui à la position marocaine.
 
Un partenariat renforcé

Au-delà de la question du Sahara marocain, la réélection de Donald Trump représente une opportunité pour le Maroc de renforcer un partenariat stratégique déjà historique. Les liens entre les deux pays remontent au XVIIIe siècle, le Maroc ayant été le premier pays à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis en 1777. Aujourd’hui, cet héritage diplomatique se traduit par des collaborations dans les domaines sécuritaire, commercial et culturel, dans un esprit de partage de valeurs et d’intérêts.

Sous l’administration Trump, le Maroc pourrait renforcer sa position de leader dans la lutte contre l’extrémisme en Afrique, un rôle dans lequel il bénéficie déjà de l’appui de Washington. Ce soutien pourrait se concrétiser par une augmentation des coopérations en matière de renseignement et de lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, où la stabilité est menacée par des groupes armés. Avec le poids diplomatique des Etats-Unis, le Maroc pourrait s’affirmer davantage comme un acteur central dans les stratégies de stabilisation régionale en Afrique du Nord et au-delà.

Sur le plan économique, cependant, le pragmatisme de Donald Trump pourrait soulever des défis. Le président républicain a souvent exprimé des positions protectionnistes, notamment à travers l’Inflation Reduction Act, qui vise à soutenir la production intérieure au détriment des importations, y compris celles de pays alliés. Si cette approche devait se durcir, le Maroc pourrait voir certains de ses projets d’exportation vers les Etats-Unis compromis, appelant ainsi le Royaume à anticiper et adapter ses stratégies commerciales pour préserver ses intérêts économiques.

Toutefois, bien que la politique «America First» de Donald Trump, lors de son premier mandat, ait mis l’accent sur la réindustrialisation des Etats-Unis et la réduction des dépendances vis-à-vis de partenaires étrangers, le Maroc est parvenu à maintenir un niveau d’échanges stable avec les Etats-Unis. Le Royaume demeure un partenaire commercial clé, particulièrement dans les secteurs des phosphates, de l'agriculture et de l’automobile.

L’ambition marocaine de devenir une plaque tournante industrielle et logistique en Afrique a, par ailleurs, été perçue avec intérêt par certains investisseurs américains, même si les politiques protectionnistes de l’ère Trump ont freiné certains élans. De nombreuses entreprises américaines, soucieuses de diversifier leurs bases de production, ont maintenu ou renforcé leur présence au Maroc, y trouvant un climat stable et des perspectives de croissance encourageantes.
 
Vers un avenir diplomatique déterminant
 
La période qui s’annonce, placée sous le signe de la réélection de Donald Trump et d’une majorité républicaine au Congrès, pourrait marquer un tournant historique pour le Maroc. Entre opportunités et défis, le Royaume devra user de sa diplomatie, de son pragmatisme et de son sens de l’adaptation pour tirer parti de ce contexte exceptionnel et résoudre un conflit artificiel qui perdure depuis des décennies.

La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, réaffirmée sous la nouvelle administration, constitue une base solide sur laquelle le Maroc pourra s’appuyer pour mener ses ambitions de stabilité régionale et d’essor économique. Les appuis de la France, de l’Espagne et d’autres pays confirment que la solution prônée par le Maroc trouve de plus en plus d’échos favorables, une tendance qui, sous l’impulsion de Washington, pourrait bien mener à une résolution définitive du conflit artificiel. En restant ouvert aux réalités diplomatiques, tout en s’affirmant sur la scène internationale, le Maroc s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire, ancrée dans une alliance stratégique et durable avec les Etats-Unis.

Mehdi Ouassat.


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